Romans

 

ALTMANN, Andreas. – La vie de merde de mon père, la vie de merde de ma mère et ma jeunesse de merde à moi

Actes Sud. – 22,50 €

Traduit de l’allemand par Matthieu Dumont.
Récit, hélas, autobiographique d’un jeune Allemand, fils d’un ancien SS reconverti dans la vente de rosaires, bibelots en tout genre estampillés catholiques. La guerre est finie mais le père est un monstre de cruauté envers sa femme et ses fils. Il leur fait vivre un enfer dans la maison et rien ne filtrera à l'extérieur. Personne ne dénoncera cet homme violent.
A 18 ans, l’auteur aura la force de partir. Il lui faudra essayer de multiples thérapies pour regagner l’estime de lui-même, éprouver de l'amour pour les autres et trouver sa voie dans l’écriture.
C’est un roman difficile, âpre, cru et sans concessions.
Marie


CHALANDON, Sorj. – Une joie féroce

Grasset. – 20,90 €

On est loin de l’univers habituel de Chalandon, monde d’hommes en guerre, ou mineurs de Liévin-Lens... Il donne ici la parole à une femme, atteinte d’un cancer, compagne de trois autres engagées dans le même combat, solidaires contre l’adversité : l’atteinte à leur féminité, l’abandon de leur compagnon, la recherche d’argent... Voilà la part réaliste de l’histoire, mais il y a un autre versant, l’intrigue penche du côté du conte... pour délivrer un message des plus toniques.
Ses quatre combattantes font preuve d’une belle vaillance, alors tant pis s’il y a quelques invraisemblances.
Un livre intéressant à lire.
Hélène


♥ COSNAY, Marie. – Les enfants de l’aurore

Fayard. – 18 €
Coup de coeur

Comme souvent chez Marie Cosnay, nous sommes parmi les dieux grecs et cette manière moderne de les faire revivre est vraiment réjouissante.
C’est la fin de la guerre de Troie. De jeunes garçons, fils de l’aurore et du fleuve, enfants venus d’ailleurs, Éthiopie, Bulgarie, Turquie, ceux que l’on nomme émigrés aujourd'hui, venus en finir avec cette guerre meurtrière.
Chacun choisit son camp, conscient d’y laisser sa vie et une mère déchirée : « chacune des mères d’enfant mort a le monde qui s’arrache ». Rhésos veut se battre, Achille, non. Ulysse attend. Memnon, jeune roi noir, va tuer Antiloche. Ils sont tous là, les dieux, déesses, les espions mais aussi les policiers à cheval de Belleville qui traquent les marchands à la sauvette.
L’heure est venue de mourir à Troie pour les fils de Priam, il y a du danger aussi de traverser les mers et terres pour un jeune Guinéen plein d'espoir et de force au XXIe siècle : « c’est la supplique des parents, partez, enfants, sur les routes impossibles qui vous feront du possible. »
C'est l’épopée d’Homère, la tragédie d’Euripide traversées par le monde réel.
Magnifique, difficile et bouleversant.
Marie


COTTARD, Robert. – Les calendriers

L’Olivier. – 17,50 €
A découvrir

C'est une tradition bien française que la tournée des calendriers de Noël, distribués par le facteur.
Le prétexte à de belles histoires est facile, on croit que ça se passe hier, mais non, il est encore bien des foyers où l’on est radin et d’autres plus généreux, des Titi, des Fernande et des Paulette, pourvu qu’il en reste après le Covid 19 !
Marie


DARRIEUSSECQ, Marie. – La mer à l'envers

P.O.L. – 18,50 €

Rose est partie en croisière, en Méditerranée, pour Noël avec ses deux enfants. La nuit de Noël, le paquebot sauve des réfugiés, dont le jeune Younès. En pleine crise d’identité, elle va s’accrocher au regard du jeune garçon et lui donner le portable de son fils.
C’est une femme hésitante, Paris ou la province, son mari ou la séparation, son fils ado, son travail de psy, les appels du jeune migrant.
J’ai trouvé personnellement que tous les problèmes éventuellement abordés ici le sont d'une façon très anecdotique et cela m’a mise mal à l’aise.
Marie


♥ DECK, Julia. – Propriété privée

Minuit. – 16 €
Coup de coeur

Un couple cinquantenaire décide de quitter Paris pour s’installer dans un nouvel éco-quartier. Une zone pavillonnaire, maison achetée sur plan, tout pour plaire a priori à ce couple écolo sans enfant, jusqu’à l'installation des voisins qui prennent un peu trop de place. La narratrice parle directement à son mari, elle pense, lui explique et c’est l'histoire qui court.
La vie du lotissement est un microcosme du genre humain, c'est drôle, surprenant et cruel, et la fin est une explosion au sens propre du terme !
Marie


♥ DJIAN, Philippe. – Les inéquitables

Gallimard. – 17 €
Coup de cœur

Style à la Djian, inimitable : zones d’ombres, atmosphère trouble, rien n’est clair, situations improbables. Au lecteur de trouver le chemin des relations de Diana avec son jeune beau-frère Marc.
Biarritz, Diana ne se remet pas du décès de son époux et elle a tenté, à nouveau, de se suicider. Marc est sur le qui-vive. Il la surveille et cherche à la protéger. Un jour, sur la plage, il trouve des sachets de drogue. Il décide de vendre la marchandise avec l’aide du frère de Diana. Vont s’ensuivre des complications qui ne vont pas faciliter la reprise de l’équilibre mental de Diana. Les interactions des différents protagonistes vont permettre à Philippe Djian de développer son art d’analyse des failles des personnalités. Bref tout est compliqué mais Philippe Djian nous suggère une fin qui ouvre vers de nouveaux horizons…
Martine


DORSAN, Mary. – Rencontrer Darius

P.O.L. – 18.90 €
A découvrir

Quarante et un chapitres comme les quarante et un coups de couteau plantés dans le ventre d'une femme par Darius, homme déséquilibré, placé en accueil de jour. Pauline est psychiatre dans ce centre et son travail consiste à ce que cet homme meurtrier et violent puisse vivre avec les autres.
C’était étonnant de lire ce livre avant le confinement, l’état de fatigue du personnel, leur volonté de faire malgré tous les manques de l'administration.
Pauline écrit beaucoup rentrée chez elle, cela lui permet de mettre les choses à plat, de se désenvoûter en quelque sorte de cet univers qui est une prison sans murs. Elle observe le monde du travail et le monde des fous avec beaucoup de bienveillance et d’intelligence.
Dans la vraie vie, Mary Dorsan (pseudo) est infirmière en psychiatrie, cela s'entend à travers ses récits.
Marie


FAYE, Éric. – La télégraphiste de Chopin

Seuil. – 18 €
A découvrir

Le roman se passe à Prague en 1995. Les méthodes policières ont changé depuis l’époque communiste mais il en reste comme un parfum dans l’air.
Une femme simple fait la une des journaux : elle serait celle à qui Chopin dicterait des partitions. On nomme un journaliste pour enquêter sérieusement. D’abord réticent, il va se prendre au jeu, lui, le cartésien à qui « on ne la fait pas »...
Marie


GRANDCOING, Phillipe. – Le faubourg des diaboliques

De Borée. – 19,90 €
A découvrir

Bien que ce livre soit clairement un roman, l’auteur est historien et cela se sent car le contexte est très détaillé et très fouillé. Nous suivons donc une intrigue, ou plutôt plusieurs histoires qui se croisent et s’enchevêtrent à l’époque de Clémenceau, de Montmartre et de ses artistes, et de la révolte des vignerons du Midi. C’est un roman policier qui se joue sur l’intrigue, pas de grande violence ni d'effusion de sang ici. On suit le personnage principal Hippolyte Salvignac, ancien antiquaire reconverti en assistant enquêteur. L'enquête nous conduit des plus hautes sphères politiques, à la police divisée entre républicains et royalistes, de la vielle noblesse française aux artistes fantasques de Montmartre.
Il est difficile d’en dire plus sans dévoiler l'intrigue mais c’est un livre agréable à lire, plutôt réussi à mon avis, que je qualifierais volontiers de polar historique intelligent.
Lore


HISLOP, Victoria. – Ceux qu’on aime

Les Escales. – 22,50 €
Coup de coeur

Saga familiale sur fond historique. En 2016, en Grèce, à Athènes, à l’occasion d’une réunion de famille pour fêter son anniversaire, Thémis va se rapprocher de deux de ses arrière-petits-enfants. Elle va leur délivrer les souvenirs de son passé et ceux de la famille qu’elle ne veut plus garder secrets. Ils vont découvrir que leur aïeule a vécu, de façon très engagée, l’occupation de la Grèce par les Allemands puis la guerre civile qui a continué à maintenir la population dans les privations et l’insécurité. Thémis va dévoiler le parcours qui l’a conduite à entrer dans l’armée communiste Grecque pour défendre ses idéaux de liberté et d’égalité de droits pour tous.
Les avis contraires et déchirements des membres de sa famille, ainsi que son vécu des drames subis par son entourage, vont forger les convictions qui permettront à Thémis de résister aux sévices infligés dans les camps où elle fut internée.
Martine


HUET, Phlippe. – Une année de cendres

Rivages. – 20 €
A découvrir

Roman policier classique : guerre des gangs entre Corses et Libanais pour le contrôle du marché de la drogue entre Le Havre et New-York.
Un pêcheur typographe à la retraite a pêché, dans un coin paumé du port du Havre, un cadavre bardé de sachets de drogue. Avec un « pote », il envisage leur vente pour donner corps à ses rêves de vie fortunée. Alors là, ça se complique… Un journaliste curieux qui « fricote » avec la sœur d’un chef mafieux Corse et un policier Corse du commissariat local vont se mêler de l’affaire.
Style simple, histoire que je trouve un peu « loufoque » et vieillotte.
Martine


♥ HUNZINGER, Claudie. – Les grands cerfs

Grasset. – 17 €
Coup de coeur

Avec cette belle écriture poétique qui a déjà charmé plus d’un lecteur, Claudie Hunzinger nous fait pénétrer par ce récit dans l’univers des grands cerfs disparus à la fin du XIXe siècle puis revenus dans les Vosges du Nord, où elle habite, vers les années 60. Ce faisant, on aborde aussi le monde des humains ou plutôt de ceux qui vivent de la forêt et de ses hôtes : agents ONF, chasseurs et un photographe animalier. La vie des cerfs dépend de leur bon vouloir, souvent contradictoire : l’ONF ayant changé sa politique depuis quelques années les traque car ils abîment les arbres et les chasseurs contrôlent leur population pour pouvoir en prélever pour en faire des trophées. Quant au photographe animalier, qui devrait théoriquement militer pour la préservation de l’espèce, il a choisi le moindre mal, au grand désarroi de la romancière, c’est-à-dire le camp des chasseurs.
Le cœur serré, on assiste avec elle à ce qui pourrait bien être, une nouvelle fois, la fin de la harde.
Françoise


HURLEY, Andrew Michael. – Le jour du diable

Denoël. – 22, 90 €
A découvrir

Dans les Endlands, on fête depuis un siècle le jour du diable qui a lieu chaque année au moment de la transhumance. Ce jour-là, par superstition, on tend un piège au diable pour l’empêcher de faire du mal. Mais cette année-là, il se passe des choses étranges, de vieilles rancœurs refont surface.
S’il y a bien un mystère éclairci à la fin, ce roman n’est pas policier mais cherche plutôt à peindre l’ambiance sombre de la lande qui pourrait être écossaise (mais ce n’est précisé nulle part, l’auteur vit dans le Lancashire, la province qui se situe juste en dessous). Evidemment l’auteur joue sur les termes end et land = fin de la terre. Pendant les trois quarts de l’ouvrage, le lecteur ne voit pas trop où cela le mène. Je qualifierais plutôt ce livre de roman d’ambiance.
Françoise


♥ JESTIN, Victor. – La chaleur

Flammarion. – 15 €
Coup de coeur

Cet ouvrage décrit la dernière journée d’un adolescent de 17 ans, Léonard, qui passe les vacances en camping avec ses parents. Il est témoin d'un drame qui va le précipiter dans une spirale infernale, ce moment où tout bascule et cette phrase tant redoutée émerge : « Plus rien ne sera jamais plus comme avant. »
Léo veut plaire mais reste en marge, il se livre au fil des pages. L’auteur décrit avec justesse le trouble de l’adolescence. Les mots sont simples, on touche le sable, la chaleur nous accable : on ressent un malaise, une culpabilité qui vont s’évanouir pour laisser place à un amour naissant.
Roman sensible, bravo à Victor Jestin pour ce premier roman !
Chantal


NIMIER, Marie. – Les confidences

Gallimard. – 18 €

Ce livre décrit une expérience, dans un appartement meublé de deux chaises, une table et une plante. Marie écoute les yeux bandés des anonymes qui lui dévoilent des confidences. « Recueillir des mots et les laisser raisonner », dit-elle.
Style simple, 48 confidences, des morceaux de vies... Je suis restée malheureusement à distance. Les dernières pages de ce livre clôturent parfaitement l’ensemble de l’ouvrage.
Manque d'intérêt pour ce livre.
Chantal


PAULY, Anne. – Avant que j’oublie

Verdier. – 14 €

Le père vient de mourir, la fille parle. Il y a les détails triviaux de la fin d’un homme de tous les excès, alcool, brutalité envers sa femme et ses deux enfants, drogue... mais, et il semble que seule la narratrice le connaisse sous cet autre aspect, celui d'un homme d’une grande sensibilité, autodidacte, curieux, auquel la lie une grande connivence. Le fils, lui, a hâte d’en finir. Mais à présent il faut organiser les funérailles, ranger, classer (ou vider) la maison, contacter les quelques personnes qui pourraient se souvenir de lui... Tout est difficile pour celle qui a tant de peine de voir disparaître ce père inconfortable auquel elle ressemble tant.
Écriture sèche qui laisse surgir l’émotion dans les moments les moins attendus. J’ai aimé ce livre qui sonne juste.
Un livre intéressant à lire
Hélène

 

Nouvelles

 

CABRE, Jaume. – Quand arrive la pénombre

Actes Sud. – 22 €
A découvrir

Nouvelles traduites du catalan par Edmond Raillard
Écrivain catalan, auteur du remarqué Confiteor en 2013.
Voici des nouvelles peu ordinaires. La mort, les assassins, les violeurs, le suicide sont de toutes les pages. Comme dit un meurtrier sérieux : « Être le destin de quelqu’un, ce n’était pas un truc à prendre à la rigolade. »
Un écrivain qui menace son éditeur de suicide s’il n'est pas publié, un tueur à gages qui se confesse au malheureux prêtre, un tableau de Millet incarné, un ancien militaire qui ressasse ses souvenirs terribles de la guerre civile espagnole alors qu’on le met en Ehpad... ce sont tous des hommes (pas de femmes) assassins par vengeance, par obligation, qui font leur boulot.
Parfois drôle, ironique, toujours empreint d'humanité, c’est d’une lecture facile à condition de faire des pauses entre les 13 nouvelles.
Traduction superbe d’Edmond Raillard.
Marie


♥ CATHRINE, Arnaud. – J’entends des regards que vous croyez muets

Verticales. – 18 €
Coup de coeur

L’auteur nous fait le don de 65 petits récits qui excitent l’imagination. Il use de curiosité sans jugement, s’approprie des personnages plus ou moins sympathiques mais bien réels puis laisse filer son imagination féconde et bienveillante.
C’est Paris, la plage, le train, le fils du boulanger qui sont dessinés finement.
J’aurais bien aimé que l’auteur croise mon regard et deviner le récit qu’il en aurait fait.
Marie

 

Bandes dessinées

 

BURNS, Charles. – Dédales

Cornélius. – 22,50 €
A découvrir

Jimmy fête son anniversaire avec ses amis, la fête bat son train, un film que Jimmy a réalisé avec Brian est projeté dans une des pièces. Brian dessine, il est totalement absorbé par les dessins surréalistes qui émanent de son cerveau et qui nous dévoilent son état psychologique…
Chaque album de Charles Burns est un événement dans le monde de la BD. Ses thèmes de prédilection se retrouvent dans Dédales : la folie, le cinéma, le couple, avec une mise en abîme de lui-même. Tout le monde ne peut pas entrer facilement dans son univers aux multiples niveaux de lecture, il faut accepter de se laisser emporter.
Public initié.
Élodie


DJINDA, Vincent. – Et pourtant elles dansent

Des ronds dans l’O. – 28 €
A découvrir

Des femmes originaires de tous pays, réfugiées, se reconstruisent au sein de l’association drômoise « Femmes en Luth » qui les aide dans leurs démarches administratives, leur propose écoute et solidarité. Sept femmes se livrent et racontent leur parcours d’où nait leur force de résilience.
Vincent Djinda use d’un trait enlevé qui ne cherche pas le beau mais l’expression vivante de chacun des visages dessinés. Le crayonné sépia adoucit la violence de certaines histoires. L’ensemble de ces témoignages font de cette BD un documentaire intéressant sur des vies de femmes d’aujourd’hui qui n’ont jamais la parole.
Tout public.
Élodie


♥ DUHAMEL, Bruno. – #nouveaucontact

Bamboo. – 15,90 €
Coup de coeur
Doug est photographe et vit seul dans les Highlands. C’est un original : il ne veut surtout pas montrer ses œuvres ! Mais un soir il voit surgir d’un lac écossais, une créature étrange. Choqué par ce qu’il vient de découvrir, dans un état second, il publie la photo du monstre sur internet ou plus exactement sur « twister ». Et c’est le début d’un engrenage infernal, absurde et hilarant.
Sous un mode (très) humoristique, l’auteur s’amuse à nous faire toucher du doigt les dérives des réseaux sociaux, des médias et au final de nos comportements manipulés et manipulables.
Françoise


LUBIE, Lou ; DESVEAUX, Manon. – La fille dans l’écran

Marabout. – 17,95 €
A découvrir

Marley vit au Canada, elle a mis de côté ses ambitions de photographe et gagne sa vie comme serveuse. Coline, elle, vit en France et contacte Marley pour s’inspirer de ses photos pour des illustrations qu’elle doit réaliser. Une amitié se développe entre les deux jeunes femmes, qui, à la faveur d’une rencontre, se transforme en attirance mutuelle…
L’originalité de l’album est que les deux protagonistes sont dessinées par deux autrices différentes, chacune avec son style, chacune sur une page. L’album propose une histoire d’amour du XXIe siècle, où les filles peuvent aimer des garçons et/ou des filles, où les histoires d’amour naissent sur internet, se poursuivent par SMS et enfin dans la vraie vie…
Tout public.
Élodie


MACOLA, Piero. – Les nuisibles

Futuropolis. – 20 €
A découvrir

Bruno est éclusier, il vit seul, discrètement, tout en aidant sa voisine âgée Maria. De sa rencontre avec Anton, Moldave sans papiers, il va reprendre contact avec les nuisibles qui lui rappelleront des heures sombres de son enfance.
Une histoire sensible et sobre comme son héros, dessinée au crayon de couleur, qui rappelle que les utiles bienveillants ne sont pas toujours visibles.
Tout public.
Élodie


MANDEL, Lisa ; MOUSSE, Marion. – Brune Platine

Casterman. – 14 €
A découvrir

Brune et Platine sont détectives privées, amoureuses et spécialistes d’enquêtes en tout genre. Aussi quand une nouvelle cliente recherche son père disparu lorsqu’elle était enfant, Brune et Platine se mettent en quête et suivent leur piste dans les Balkans, sur les traces d’un homme qui se révèle un dangereux psychopathe entre les mains duquel, Brune tombe…
Tome 2 des aventures de Blonde et Platine, avec un scénario de Lisa Mandel et une bonne dose d’humour noir. Le petit format carré est original et la colorisation bleue ajoute au thriller ce qu’il faut de couleur froide !
Tout public.
Élodie


MATZ ; ROCHETTE, Jean-Marc. – Transperceneige : extinctions. Acte 1

Casterman. – 18 €
A découvrir

Rochette reprend la BD mythique du Transperceneige (et le scénario du film qui en a été tiré) en imaginant la phase d’avant, c’est-à-dire les événements qui ont contribué à la construction et à la mise en service du train : la montée des eaux, la surpopulation. Deux groupes s’affrontent : celui de Zheng qui construit le fameux train et celui de Marcio qui veut provoquer un hiver nucléaire pour anéantir l’humanité.
Les couleurs sombres sont de circonstance pour un récit qui annonce l’apocalypse. Au moment où j’écris ces lignes, c’est donc une BD de circonstance !!! Difficile de se prononcer pour l’instant sur ce premier tome, on attend la suite.
Françoise


RIO, Ludovic. – Aiôn

Dargaud. – 16, 95 €
A découvrir

La capitaine Lexi Neel, alors qu’elle rentrait sur terre à bord de sa navette spatiale, est réveillée de son sommeil artificiel : son androïde (un robot qui organise son vol) a décelé un appel de détresse venant d’une station spatiale du nom d’Aiôn. Il s’agit à vrai dire d’un piège : un savant y mène des recherches sur la spatio-temporalité et l’utilise comme cobaye. Elle est condamnée à revivre inlassablement son passé proche jusqu’au jour où…
On aborde ici les thèmes du mouvement perpétuel, de l’éternel retour, en bref de l’absurdité de la vie. C’est aussi un exercice de style assez astucieux qui consiste à répéter les mêmes scènes sans qu’elles soient pourtant, par certains détails ou en changeant d’angle, tout à fait les mêmes. Pour les fans de SF seulement.
Françoise


ROCHETTE, Jean-Marc. – Le loup

Casterman. – 18 €
A découvrir

ans le massif des Écrins, un vieux berger tue une louve qui s’attaquait à son troupeau en épargnant son louveteau. Celui-ci se débrouille comme il peut pour survivre. À la saison suivante, cependant, il effraye tout le troupeau qui se précipite du haut d’une falaise. Le berger alors, rumine sa vengeance et, l’hiver revenu, commence une longue traque pour tuer cette bête. Mais sans doute a-t-il trop présumé de ses forces…
C’est un beau conte écologique postfacé par Baptiste Morizot.
Françoise


SAUVAT, Catherine ; SIMON, Anne. – L’Homme à la fourrure

Dargaud. – 19.99 €
A découvrir

Biographie de Léopold Von Sacher Masoch, auteur de La Vénus à la fourrure, dont on ne retiendra que l’idée de perversion sexuelle dérivée de son nom : le masochisme. Dans l’Autriche du XIXe siècle, les fantasmes de Léopold et de sa maîtresse Wanda intriguent et font scandale, pourtant, Léopold passera la plus grande partie de sa vie calmement marié avec Hulda en se désolant que toute son œuvre passe derrière un seul mot qu’il n’a pas inventé.
Un graphisme en bichromie rouge et blanc, dans un style vif et expressif, sans fioritures qui sied bien à l’ambiance de boudoir d’époque de la société bourgeoise autrichienne.
Malgré le sujet, aucune scène érotique ou inconvenante n’émaille l’album !
Public averti.
Élodie


WERTZ, Julia. – Les entrailles de New York

L’Agrume. – 29 €
A découvrir

Déambulations dans les rues du New York d’hier et d’aujourd’hui.
Julia Wertz, qui nous avait régalés de sa vie à New York dans un précédent album Whiskey & New York, réalise une somme incroyable sur cette ville. Ce n’est pas un guide touristique, encore que, mais un dédale historique et social agrémenté d’anecdotes et de l’humour grinçant de l’autrice. Les dessins en noir et blanc, réalisés tout en finesse, sont des bijoux de précision sur quelques 300 pages.
Tout public.
Élodie

 

Essais

 

CHIARELLO, Fanny. – A happy woman

L’Olivier. – 17 €
A découvrir

L’autrice part à la rencontre de la compositrice new-yorkaise Meredith Monk dont elle est une fervente admiratrice. Elle va la suivre pendant les répétitions, au Lincoln Center, chez elle.
C’est comme un reportage, au jour le jour. L’autrice pose des questions, regarde vivre l’artiste et sa troupe d'une façon bienveillante mais réaliste.
Il faut s’intéresser à la musique avant-gardiste américaine pour aller au bout du récit.
Marie


DELWART, Charly. – Databiographie

Flammarion. – 19 €
A découvrir

Représentations graphiques conçues et réalisées par Alice Clair.
Charly Delwart réalise son autobiographie à partir de données statistiques (les data), en 18 chapitres composés de diagrammes et de réflexions de l’auteur.
Loin d’être un ouvrage narcissique, ce livre offre une photographie de la vie d’un homme occidental en 2019 et, à travers elle, une réflexion sur ce qui le rattache à l’universel et sur l’évolution du monde. On peut le lire à suivre ou piocher dans les chapitres au gré de ses envies. Les sujets sont tantôt graves (vie et mort, état de la planète…), tantôt anecdotiques (nombre d’insectes écrasés), mais toujours signifiants et souvent drôles (« moments où je me suis imaginé à quoi ressemblait le fait d’être : président (78), premier ministre (1) »).
Les diagrammes d’Alice Clair sont de véritables créations graphiques où la clarté du propos se conjugue à la beauté visuelle (le diagramme sur les cigarettes ressemble à des volutes de fumée, celui des trajets en transport public à un ticket de métro, et celui de la durée annuelle du contact physique avec les parents tout au long de la vie ressemble à un alignement de planètes du système solaire, où les géantes côtoient les grains de poussière.…)
France


♥ DEMANZE, Laurent ; RABATÉ, Dominique. – Emmanuel Carrère : faire effraction dans le réel

P.O.L. – 37 €
Coup de coeur

C’est un livre collectif qui ne peut se résumer en quelques mots. Selon les auteurs, journalistes, Emmanuel Carrère a développé 3 périodes dans son écriture : la fiction Nabokovienne de ses débuts puis les romans de genre en simplifiant l’intrigue pour en dégager le potentiel d’horreur, et enfin la non-fiction pour ne pas se contenter de la réalité mais amener à une puissance de révélation voire d’effraction.
Page 29, Emmanuel Carrère dit : « Ce qui est mon talent, si j’en ai un, est du côté de la narration, une espèce de déploiement de la réalité qui donne une idée de sa complexité, du fait que des gens qui pensent des choses qui nous sont extrêmement déplaisantes et contraires peuvent être des gens éminemment sympathiques. »
Des écrivains, réalisateurs, journalistes et d’autres évoquent leur ressenti face aux livres d’Emmanuel Carrère : La moustache, La classe de neige, Un roman russe, D’autres vies que la mienne, Le royaume, L’adversaire…
Martine


♥ KERANGAL, Maylis de. – Kiruna

La Contre-allée. – 12 €
Coup de cœur

Kiruna est le nom d'une mine et de la ville éponyme située à 145 km au nord du cercle polaire, en Suède. C’est la plus grande mine de fer au monde, en exploitation depuis le XIXe siècle.
Après avoir cherché et trouvé « sa » mine, Maylis est partie en résidence à Kiruna. Petit livre de 146 pages, découpé en chapitres courts, c'est une expérience magnifique que l'autrice nous fait vivre. Histoire-géographie, géopolitique, sciences humaines, architecture, technique, histoires oubliées, tenancières de cafés, grands patrons et mondialisation, la mine est prétexte à un récit d'une grande précision sur ce monde inconnu.
La mine souterraine est en train d’engloutir la vieille ville, il faut évacuer 20 000 personnes et cela se passe maintenant.
Marie


SCHWARTZ, Violaine. – Papiers

P.O.L. – 17,90 €
Coup de coeur

Violaine Schwartz a recueilli la parole de demandeurs d’asile originaires d’Afghanistan, de Mauritanie, du Kosovo, d’Éthiopie, d’Arménie, d’Azerbaïdjan, d’Irak… rencontrés principalement à Besançon, ou, lorsqu’ils ne pouvaient s’exprimer directement, la parole de ceux qui les ont accueillis. Elle a voulu, au maximum, rester fidèle à leurs mots.
Et ces mots sont simples et forts, ces histoires bouleversantes. Elles humanisent ceux qui ne sont bien souvent que des statistiques, elles disent l’horreur des trafics d’êtres humains, la douleur de ceux qu’on élit et sacrifie tout à la fois, en les envoyant chercher fortune au loin pour le bien de leur communauté d’origine, le désarroi devant l’administration… Prise dans tout cela, une existence est bien peu de chose et, sur un caprice du destin, on se retrouve dans un pays ou un autre, sans savoir ce qu’on fait là, avec parfois le bonheur de rencontrer une âme fraternelle.
France

 

Documentaires

 

AMORY, Dita ; DUMAS, Ann ; McGUINNESS, Patrick… – Félix Vallotton : Catalogue d'exposition

5 continents. – 39 €
A découvrir

Il s’agit du catalogue broché de l'exposition dédiée au peintre Félix Vallotton (1865-1925), d’abord à Londres en 2019, puis à New York en 2020.
Intitulé Félix Vallotton, the painter of disquiet, le peintre de l'inquiétude, ce catalogue, pour qui ne connaît ni l'homme ni l’œuvre, est très complet et les reproductions correctes.
On comprend le parcours de cet homme atypique. Suisse de naissance, il part jeune à Paris, fréquente les milieux anarchistes et laisse des gravures exceptionnelles de portraits (Poe, Verlaine, Zola...), des scènes de rue, de grands magasins.
Peintre de l’inquiétude lorsqu’il peint des scènes d'intérieur, des vies de couples. Marié, riche, sa peinture change.
Il fréquente un temps les Nabis, s’en échappe.
Ses paysages et natures mortes montrent une grande maîtrise de la couleur, de la composition, les nus et portraits parlent « silencieusement ».
A la fin de sa vie, il revient aux estampes, lithographies, à la xylographie et démontre déjà qu’avec un trait, on peut exprimer la violence de la guerre de 14-18 et à ce moment-là, on sent qu’il ne met plus de distance entre lui et son sujet.
Marie


EDWARDS-DUJARDIN, Hayley. – El Greco : Un artiste à (re)découvrir

Chêne. – 14,90 €
A découvrir

Cela commence par la biographie de ce peintre grec exilé en Espagne, puis quelques repères géographiques et religieux. Après, une analyse sur double page illustrée d'une œuvre (une cinquantaine en tout).
J’espère que les lecteurs auront vu, en vrai, un tableau du Greco, parce que là, les couleurs sont affreuses. Quel dommage, enfin, c’est un livre qui ne coûte pas trop cher alors, on pardonne !
Sinon, c’est une approche didactique du peintre et on apprend pas mal de choses.
Marie


♥ EDWARDS-DUJARDIN, Hayley. – Léonard de Vinci, un artiste à (re)découvrir en 40 notices

Chêne. – 14,90 €
Coup de coeur

Les grandes œuvres incontournables du maître sont décryptées par doubles pages ainsi que des études, des dessins, des cartes, des rébus… Le format du livre et les choix d’œuvres sont très facilement lisibles et utilisables par tous. Certaines œuvres sont replacées dans une plus vaste chronologie, les personnages représentés sont décrits, des anecdotes rendent l’ensemble vivant. Un ouvrage à lire, feuilleter, relire, picorer par curiosité ou dévorer dans son intégralité.
Tout public.
Élodie


GIROD, Virginie. – La véritable histoire des douze Césars

Perrin. – 24 €
A découvrir

Cette reprise de la vie des douze Césars, qui puise à plusieurs sources dont évidemment celle de Suétone, s’adresse au grand public et se lit facilement. L’auteur propose un chapitre par empereur, agrémenté au début et à la fin, de petites fictions pour nous mettre dans l’ambiance mais qui me paraissent inutiles. Pour aller plus loin, on préférera l’ouvrage de Régis F Martin sobrement intitulé « les douze Césars » plus détaillé et abondamment référencé. (Edition 2008)
Françoise


LEVESQUE, Mathilde. – La tête haute : guide d'autodéfense intellectuelle

Payot. – 18 €
A découvrir

Ce livre parle de la rhétorique, un terme que l’on voit de moins en moins. Il décrypte les mécanismes du langage, les positionnements et la façon de construire un discours et les manipulations qui peuvent parfois aller avec. Dans l’objectif d'aider le lecteur à les identifier, à s’en prémunir et y répondre de la meilleure manière qui soit pour faire valoir ses arguments. Un livre qui peut paraître très sérieux mais qui reste très accessible grâce aux pointes d'humour de l'autrice et aux exemples concrets, soit de situations soit de discours ou de répliques célèbres ancrées dans notre mémoire collective.
J’ai dévoré ce livre, je ne suis pas sure que l’autrice soit tout à fait arrivée à son but et c’est sans doute un livre qui mériterait une deuxième lecture, plus lente avec des temps de réflexion pour permettre au lecteur de s'en saisir pleinement.
Lore


LOPEZ, Jean ; OTKHMEZURI, Lasha. – Barbarossa : 1941, la guerre absolue

Passés composés. – 31 €

Six mois de guerre où s’affrontent les armées russe et allemande, en 1941, où mourront dix millions d’hommes et de femmes, où se décidera l'issue de la guerre. Dans ce livre énorme, près de 1000 pages, deux historiens abordent tous les aspects, forces et stratégies en présence, événements, relations avec les alliés, ils montrent la perception que les uns et les autres, à l’Ouest et à l’Est, ont du conflit. On suit notamment les revirements de la politique allemande envers la Russie depuis la fin de la première guerre, et la volonté d’étendre son territoire à l’Est. Une analyse est faite des faiblesses militaires dans les deux camps.
Le livre s’adresse à des historiens, mais on peut le lire dans le désordre, quand on est plus sensible à un aspect, revenir en arrière, etc... La lecture est tout à fait abordable pour un non spécialiste, il faut bien sûr être motivé par la question.
Public intéressé.
Hélène


♥ MARIT, Véronique (collection) ; NOËL, Bernard (textes). – Lorsque tu me liras : photographies trouvées

Yellow now. – 16 €
Coup de coeur

Une collection de photographies, datant du début du XXe siècle aux années 1950, ayant un sujet commun, l’écriture ou la lecture. Des hommes, femmes, enfants, et même une assemblée de poupées, saisis (mais plus souvent figés) dans une posture d’écriture ou de lecture. L’époque déjà ancienne, la technique des photographes, mais aussi pour la plupart la pose étudiée qui met en valeur la personne ou son statut social, tout cela incite à une observation plus attentive de ces photos. Dans sa présentation, Bernard Noël s’interroge « lit-on des photographies ? », cela sonne comme une provocation. Tout ici nous questionne ou nous suggère des interprétations.
C’est un petit format, dommage, quelquefois on aimerait des images plus grandes (pour le confort des yeux), mais on a plaisir à se laisser à des arrêts sur images, avec souvent un léger sourire : quelle belle occasion ces gens avaient de se montrer en situation (en apparence) intime et cependant si flatteuse...
Hélène


PERRAGIN, Sylvaine. – Le Salaire de la peine : le business de la souffrance au travail

Seuil. – 16 €
A découvrir

L’autrice est psycho-praticienne et réalise des interventions en entreprise. Le livre commence par deux grandes questions. Elle fait d'abord le constat que l’on n’a jamais autant parlé de la souffrance au travail, qu’il n’y a jamais autant d'experts, de formations, réflexions sur le sujet et que pourtant le problème persiste et prend même de l'ampleur. Est-ce à dire que tous ces intervenants sont incompétents ? Ensuite elle parle des suicides qui ont eu lieu en entreprise et qui ont beaucoup marqué les esprits, à juste titre. Elle remet cela en perspective en prenant l’exemple des mineurs qui travaillaient dans des conditions effroyables sur des durées journalières qui seraient impensables aujourd'hui. On peut considérer que leur travail était plus pénible et pourtant les suicides au travail étaient quasi-inexistants à l'époque. Qu’est-ce qui a changé ?
Autour de ces questions c’est un livre dense qui aborde plein de sujets sur notre rapport au travail. Comment le management a évolué et s’est déshumanisé. Comment le rapport hiérarchique a évolué dans les entreprises ? Comment les salariés ont perdu leur capacité d’organisation collective ? Comment l’organisation économique actuelle a influé sur l’organisation des entreprises ? Comment le culte de l’immédiateté a influencé les formations au management et durci les relations sociales ?
J’ai trouvé ce livre facile à lire et très intéressant, à la fois dans son analyse et dans le recul et la réflexion nécessaire à notre rapport au travail.
Lore