Enfin ! C’est un livre que l’on attendait avec impatience tant le premier roman de Donald Ray Pollock "Le Diable tout le temps paru" en France en 2012 avait enthousiasmé le public et les critiques.

Photographie de Donald Ray PollockAuparavant, seuls les quelques lecteurs de son recueil de nouvelles Knockenstiff sorti deux ans plus tôt connaissaient le talent singulier de ce prolétaire de l’Ohio qui après avoir trimé 32 ans en tant qu’ouvrier dans une usine de pâte à papier se révélait écrivain, et quel écrivain !

Avec "Une mort qui en vaut la peine", Pollock entre définitivement dans le cercle des auteurs américains majeurs, et à 62 ans, il est devenu l’actuelle figure de proue d’un genre littéraire particulier, le grotesque, cher aux écrivains du Deep South depuis Caldwell et McCullers.

Aussi dingue que le précédent, ce second roman raconte l’histoire des frères Jewett (Cane, Cob et Chimney) qui à la mort de leur père en 1917 décident d’échapper à leur pénible destin d’ouvriers agricoles à la frontière de la Géorgie et de l’Alabama. Ils s’improvisent pour cela braqueurs de banque. De leur calamiteuse première attaque à main armée à leur cavale en direction du Canada, on croise toute une galerie de personnages déjantés dans une Amérique où l’industrialisation et l’entrée imminente dans la première guerre mondiale profitent à quelques opportunistes au détriment d’une majorité de laissés pour compte.

Longtemps après avoir terminé la dernière page, on titube encore tant les malheureux, les vicieux, les sadiques et autres damnés que Donald Ray Pollock fait danser dans notre tête nous paraissent humains, étonnamment proches de nous...