Figure emblématique de la grande bourgeoisie du second empire, Alexis Godillot est un personnage à multiple talents.

Portrait d'Alexis GodillotFaux comtois (son père est bien originaire de Moissey mais ses parents ont quitté Besançon pour Paris lorsqu’il avait 4 ans), mais vrai capitaine d’industrie représentatif d’une époque où avec un peu de chance et d’entregent et beaucoup de dynamisme et d’idées l’on pouvait sortir de la pauvreté laborieuse et accumuler les millions, ce fils d’un ancien soldat de la Grande Armée grandit dans la sellerie artisanale où il travaille au côté de son père jusqu’à ce que celui-ci lui cède une affaire florissante qu’il développera jusqu’à la transformer en empire industriel.

Il y a du « Géo Trouvetou » chez les Godillot. Le père Godillot constate que les sacs des voyageurs en diligences sont peu adaptés au transport à la main. Il invente donc en 1826 un « sac de nuit » muni d’un fond de cuir rigide, d’un fermoir en fer et de deux poignées de cuir. C’est l’ancêtre de la valise. La fabrication d’articles de voyages pratiques et de bonne qualité, sans cesse diversifiés et améliorés mais jamais brevetés, permet alors à la famille de vivre dans une petite aisance, sans atteindre la fortune…
Autre exemple de ces parcours exemplaires : en 1835, un gamin de 14 ans quitte le moulin d’Anchay (près d’Arinthod) pour monter, à pied, à Paris. D’abord apprenti chez un malletier, il finira par créer une marque. Il s’appelle Louis Vuitton.

Le fils Godillot n’est ni plus ni moins doué que son père, mais il est procédurier. Quand il invente un article, il dépose un brevet. Il n’hésite pas à employer une flopée d’avocats en cas de litiges dans ses affaires (dont Jules Grevy à une certaine époque). Heureux concours de circonstance, le retour au pouvoir des Bonapartiste, auxquels la famille Godillot est restée fidèle dans les mauvais jours, ouvre à Alexis Godillot de merveilleuses perspectives d’attributions de marchés (plus ou moins dans les normes légales).
Artisan fabricant d’articles de voyages au départ, Alexis Godillot touche à tout : ouverture de magasins, organisation de fêtes publiques, fabrication d’articles militaires, urbanisation de Saint-Ouen, grands projets immobiliers sur Hyères… Son nom passe à la postérité grâce à sa plus belle invention : jusqu’à lui, les chaussures gauche et droite étaient identiques et sans courbure au niveau de la voute plantaire. Il invente la chaussure confortable, grâces lui en soient rendues à tout jamais !

La biographie d’Alain Cointat présente quelques maladresses, le parti-pris de traiter tour à tour chaque facette du personnage induit quelques redites, et certaines envolées (plus que) frisent le style romancé, mais au vu du catalogue de la BN, il n’existait jusqu’en 2016 qu’une seule biographie d’Alexis Godillot, auto-éditée en 1984 et apparemment indisponible à l’achat. Cet ouvrage permet donc de découvrir un personnage haut en couleur.

 

Les souliers de la gloire : Alexis Godillot (1816-1893) / Alain Cointat.- Toulon : Presses du Midi, 2006.- 1 vol. (323 p.-34 pl.) : illustrations en noir et en couleur, couv. ill. en coul. ; 21 cm.

 

Commentaires   

0 #1 crac 21-01-2018 07:53
Bonjour,

Je vous prie de m'excuser, mais si Alexis Godillot est né à Besançon 15 mars 1816, il est de ce simple fait Franc-Comtois d'origine. Autrement il ne pourrait-être "qu'apatride" et il en serait alors de même pour Victor Hugo... qui y est né à Besançon et n'y est resté que quelques jours... Je crois.
Allez donc dire à un bisontin que Victor Hugo n'est qu'un faux-Comtois!!!!
D'ailleurs, pour ma part il aussi nantais... Victor Hugo... comme moi, puisque sa mère Sophie Trébuchet l'était également...
Sinon l'article est très intéressant.

Bien cordialement

JPC
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