"Je fais partie de ceux qui ont été effrayés si jeunes par la violence que le simple fait de ne pas être mort est pour nous une victoire."

Publié en 1970 aux Etats-Unis, Un jardin de sable d’Earl Thompson arrive enfin chez nous en 2018 grâce aux éditions Monsieur Toussaint Louverture.

Notice du roman "Un jardin de sable" d'Earl Thompson dans le catalogue de la MDJDonald Ray Pollock signe la préface de ce roman subversif à l’origine de sa vocation d’écrivain, confession guère étonnante tant la filiation saute aux yeux avec Le Diable, tout le temps et plus encore avec Une mort qui en vaut la peine.

C’est cru mais aussi très drôle et plein d’empathie pour une humanité qui, cahin-caha, tente de sauver sa peau après la crise de 1929. Et son âme ? Un pari utopique à voir le vieux MacDeramid, droit dans ses bottes et le ventre à moitié creux. Moins regardante, sa fille Wilma rêve de mener grand train. Après avoir confié son fils à ses parents le temps de trouver du « travail », cette jeune veuve finit par récupérer le petit Jacky qu’elle « élève » avec son nouveau compagnon, Bill, un tocard alcoolique et malhonnête.

Du Kansas au Mississipi on touche le fond. A l’âge de 10 ans Jacky est témoin, victime, et parfois même acteur des pires transgressions, de la violence de son beau-père aux rapports incestueux qu’il entretient avec sa mère. Sans parler du cours d’éducation sexuelle qu’Allen lui dispense au détriment de la pauvre Moon, une vieille vache tachetée…

Est-ce un roman ordurier qui émoustille notre voyeurisme le plus ignoble ou une œuvre courageuse qui reflète le monde tel qu’il est, parfois magnifique, mais plus souvent sordide ? A chacun de se faire sa propre opinion en lisant Thompson et Pollock dans la foulée, si affinités. On adore ou on déteste !

Earl Thompson : "Je fais partie de ces gens sur qui j’écris et ne ferai jamais vraiment partie des autres. Je fais partie de ceux qui ont été effrayés si jeunes par la violence que le simple fait de ne pas être mort est pour nous une victoire."

 

Photographie : Mère et enfants pauvres pendant la Grande Dépression. Oklahoma, États-Unis, août 1936. Auteur : Dorothea Lange. Domaine public, accessible sur Wikipédia.  Retrouvez les photos de Dorothea Lange dans ce livre disponible à la MDJ !

Photographie : mère et enfants pauvres pendant la Grande Dépression. Les personnes photographiées sont pieds nus et vêtues de haillons sales. Elles sont debout devant une cabane faite de matériaux de récupération. Le sol est en terre nue. Des objets et des déchets sont éparpillés autour d'eux, du linge sèche sur une corde à l'extérieur. La mère est debout derrière ses enfants avec une expression inquiète. La fille d'une dizaine d'années fixe l'appareil photo avec un regard noir et sérieux, les mâchoires serrées. Le garçon, un peu plus grand, regarde vers le haut et la droite avec un air un peu plus rêveur.