Notes prises au cours de la formation organisée à la Médiathèque départementale du Jura le 11-12 mai 2017 (intervenant : Jean-Louis Sbardella, ludothécaire professionnel).

 

Acquisitions

  • Bien définir son projet : quel type d’objets veut-on acquérir ? (utiliser la classification ESAR), quelle utilisation ? (prêt ? sur place ? animation ?), connaître les publics 

  • Diversité plutôt que quantité : avoir un fonds représentatif des différentes catégories de jeux, en fonction du projet et du marché. Tester, puis étudier les statistiques d’utilisation collectées.

  • Critères de qualité :
    - solidité (on plastifie, oui, mais pas si c’est moins cher de racheter que de tout plastifier…)
    - esthétisme (donner envie)
    - matière (plaisir)
    - simplicité (ouvre l’imaginaire, les jeux les plus simples peuvent être de grands favoris…)
    - intérêt ludique (le critère le plus complexe à déterminer !)

  • Fournisseurs : pas de centrale d'achat. Le marché des jouets et celui des jeux de société sont plutôt séparés. Le prix est libre.
    - jeux de société : Philibert (le plus de choix, qualité de services), voir aussi ludibazar, surveiller illudie…
    - jouets : Wesco, Haba (mobilier de très bonne qualité), Pichon…
    - jeux en bois : comptoir des jeux, alorstujoues, maison du billard…

  • Paiement : marché ou madat administratif

Catalogage

Le système ESAR (1980) est très pratique. Par contre, il crée de très longues cotes qu’il faut simplifier.

Classement des Objets Ludiques (COL) basé sur ESAR - Quai des Ludes - 2002 :

  • jeux d’exercice : éveil sensoriel, motricité, manipulation
  • jeux symboliques : rôle, mise en scène, représentation
  • jeux d’assemblage : construction, agencement, expérimentation, fabrication
  • jeux de règles : association, parcours, expression, combinaison, adresse et sport, stratégie, hasard, questions-réponses

Une classification historique :
Celle de Jean Piaget, utile car elle fonctionne selon le développement de l’enfant :

  • sensori-moteur = jeu d’exercice = à peu près 0-3 ans (cubes…)
  • représentatif = jeu symbolique (être un gendarme, une maîtresse…)
  • opérations concrètes = jeu de règles = à partir de 6 ans environ

Ces trois types de jeu s’additionnent avec l’âge et sont tous présents chez les adultes !
Le classement ESAR y ajoute la catégorie des jeux d’assemblage (jeux de construction). Cette catégorie est très intergénérationnelle, appréciée des adultes aussi.
NB : les jeux vidéos peuvent aussi être classés parmi ces catégories.

Lors du catalogage, donner un numéro d’ordre au jeu. Les grands SIGB ont des grilles de catalogage spéciales jeu. Il existe aussi des logiciels professionnels pour ludothèques.
Il existe des bases de notices de jeux téléchargeables : ludothèque d’Issy-les-Moulineaux, accessoirement wikiludo.

Traitement et rangement :

Pour les jeux de règles, Jean-Louis Sbardella conseille de plastifier le couvercle et de renforcer les coins avant tout. Pas besoin de plastifier le fond ou autre chose, mais certaines ludothèques le font.
Mettre les pièces dans des sachets ou au moins entourer les paquets de cartes et la boîte avec des élastiques.
Idéalement, numéroter toutes les pièces avec le numéro du jeu. Attention : au même endroit sur chaque dos de carte !
C’est utile :

  • quand on trouve une pièce égarée
  • pour identifier le jeu comme appartenant à la ludothèque auprès des usagers, ce qui les sensibilise et augmente sa durée de vie.

Faire une note d’inventaire (informatique pour pouvoir la modifier facilement !) et la coller au fond de la boîte. Penser à permettre de l’enlever facilement pour pouvoir la changer.
Pour laver tous les jouets : lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle… Éviter quand même d’acheter des piscines à balles et des peluches.
Rangement : normalement horizontal pour les jeux de société, mais c’est rarement possible en bibliothèque. Donc bien mettre des sachets et des élastiques autour des pièces et du jeu, si on les range verticalement.

Modalités d'utilisation et prêt :

Prêt et vérification

Idéalement, vérifier le contenu du jeu au prêt et au retour, avec l’usager. Sinon, au moins au retour. La présence de l’usager lors de la vérification évite un travail de suivi, de rappel…
On peut aussi demander à l’usager de vérifier lui-même que son jeu est complet après le prêt.

Il vaut mieux établir une relation de confiance avec les usagers, et miser sur l’information et l’éducation progressive.

Au retour, si le jeu est incomplet :

  • si la pièce est à la maison, redonner le jeu à l’usager ou le mettre de côté. Souvent l’usager retrouve la pièce.
  • si la pièce est introuvable, le jeu peut être jouable incomplet, ou bien certains éditeurs font du réassort, on peut aussi piocher dans le stock de pièces détachées (toute ludothèque en a un !), voire consulter des fablabs…
  • si le jeu n’est plus édité, on peut demander à l’usager de racheter un jeu équivalent.
  • les chèques de caution sont peu pratiques car la loi oblige à les encaisser, puis à rembourser.

Prêt aux structures :

Faire une présentation du jeu avant le prêt !
Le problème des jeux abîmés ou perdus : si la structure fait partie de la même collectivité, le jeu ne sera pas remboursé…
Dans tous les cas, il vaut mieux miser sur la sensibilisation en amont.

Jeu sur place et vérification : 

Un problème se pose quand on a du jeu sur place et aussi de l’emprunt : les ludothécaires ne peuvent pas s’assurer que le jeu est complet au prêt.
L’idéal est une vigilance du professionnel quant au rangement des jeux sur place. Là encore, la confiance fonctionne, si l’usager n’est pas sous pression il cherchera lui même la pièce manquante aux alentours.
On peut aussi prévoir un espace où l’usager pose le jeu qu’il vient d’utiliser sur place, et les professionnels le rangent eux-mêmes.

Espaces

Lire Odile Périno, Des espaces pour jouer : réserver le document à la MDJ

En ludothèque il y a des zones : prélude (accueil), interlude (circulation entre les espaces), espaces de jeu, zones de rangement (inutile d’exposer tous les jeux et de surcharger les espaces).
Penser à plusieurs points :

  • sécurité : responsabilité des parents, protéger, INFORMER, DÉLIMITER (par exemple pour les jeux symboliques : prévoir un coin)
  • autonomie des joueurs : les jeux sont accessibles à leur public (hauteur…)
  • confort des adultes, des enfants et des professionnels. Plusieurs attitudes et positions de jeu sont proposées.
  • circulation à l’intérieur des espaces.
  • scénographie : donner envie, créer un univers, installer des jeux sur les tables...

Le rangement fait partie du jeu pour les usagers ! Il faut le prévoir dans le règlement intérieur (mais le ludothécaire y passe quand même son temps…).

Références

Rapport de Françoise Legendre - 2015 - Jeu et bibliothèque : pour une conjugaison fertile

  • toucher des publics peu présents (jeunes, éloignés, hommes, seniors, handicap, enfants hors du cadre scolaire)
  • faire découvrir des jeux peu connus
  • développer la socialisation, la sociabilité, la convivialité
  • changer l’image de la bibliothèque / faire découvrir la bibliothèque / usager acteur, “territoire partagé”
  • favoriser la création, l’expression, l’expérimentation.

Consulter et télécharger le rapport en ligne : Jeu et bibliothèque : pour une conjugaison fertile

Quelques outils de veille :