Romans

 

ALMENDROS, Vincent. – Un été

Minuit. – 11,50 €

Un été n’est pas vraiment un roman, c’est plutôt une nouvelle un peu longue (90 pages). C’est le genre de livre à lire en vacances, dont le sujet est : « Jean m’invite sur son bateau ». On apprend au fil des pages, que le bateau est un petit voilier de rien du tout, ensuite que Jean est mon frère, ensuite que la femme de Jean est mon ancienne, enfin la chute de l’histoire n’est pas tout à fait celle qu’on essaie de deviner, d’autant plus que l’histoire ne se passe pas tout au long d’un été, mais elle dure juste quelques jours. Ce petit livre très mignon et très bien écrit mérite de traîner sur les plages dès cet été.


CANDRE, Manuel. – Le portique du front de mer

Losfeld. – 15,90 €

L’histoire se déroule dans une petite station balnéaire, entre mer et sable. Quatre amis se réunissent à la frontière du désert pour observer des phénomènes étranges : raies géantes des sables, mirages…jusqu’à la disparition énigmatique d’un des leurs. Bouleversement de leurs rituels, peut-être résurrection… C’est un roman très littéraire, assez durassien, on peut penser à Rimbaud aussi. Manuel Candré est aussi l’auteur du très beau « autour de moi », paru en 2012.

 


♥ BELEZI, Mathieu.- Un faux-pas dans la vie d’Emma Picard

Flammarion.- 18 €

Encouragée par la propagande du gouvernement français qui offre des terres agricoles aux colons, Emma Picard, veuve, et ses quatre fils, sont venus s’installer en Algérie, entre Sidi Bel Abbes et Mascara, à la fin des années 1860. Le parcours de ces paysans alsaciens durs au travail, mais apprentis colons, nous est transmis par la voix d’Emma, vieillie avant l’âge, monologuant au chevet de son dernier fils, faisant défiler l’espoir, le courage, l’ignorance du pays, les calamités qui s’abattent sur les hommes, la cupidité des prêteurs, la famine, la mort de ses aînés.
Livre terrible qui dit, à travers un destin banal et exemplaire, la duperie de l’aventure coloniale, tandis que « les indigènes » sont effacés de leurs propres terres.


CORNAILLE, Didier. – Les indignés de Montservier

Ed. de Borée. – 21,90 €

Ceci est le dernier roman de Didier Cornaille, écrivain bourguignon qui vit dans la région d’Autun. C’est l’histoire d’un village rural, qui voit l’arrivée d’un petit atelier de manutention, qui profite donc d’un essor économique inattendu et qui vit dix ans après la fermeture tout aussi inattendue dudit atelier. On peut noter la description simple mais pas ennuyeuse de l’ambiance fébrile dans la région, quand les employés de l’atelier décident d’occuper les locaux, de séquestrer un huissier, enfin d’enlever le patron lui-même. Il y a dans le déroulement de l’affaire, une part de roman policier, mêlé d’histoires de famille qui, si l’on en croit l’auteur, n’arrivent que dans le Morvan…et ailleurs. La chute de l’histoire, très attendue, arrive avant la fin du roman, sans qu’on s’en étonne. On peut trouver dans ce livre un bon petit cru de terroir.


CORNAILLE, Didier. – La Trace du loup

Presses de la cité. – 19 €

Les inconditionnels du roman de terroir et de Didier Cornaille en particulier, ne seront pas déçus par la trace du loup. Comme toujours, l’histoire se passe dans un village perdu de la campagne française, morvandelle précisément où il se trouve que le vieux paysan-braconnier du coin a vu des traces de loup dans la forêt ce qui n’a rien d’étonnant en ce début de siècle. Dans le petit bistrot l’homme se fait moquer de lui mais garde sa conviction, jusqu’au jour où des moutons se font dévorer par des chiens (ou un loup ? ) et le vieux qui ne craint pas les gendarmes, mène son enquête à sa façon avec son intuition et son calibre 12. Ce bon roman bien français traite avec humour le problème délicat de la réapparition du loup dans nos massifs montagneux.


DAVRICHEWY, Kéthévane. – Quatre murs

Weispieser. – 18 €

Quatre murs est le récit de quatre frères et sœurs qui se retrouvent entre les quatre murs de leur maison de famille vendue. Chacun a droit à un chapitre (sauf les jumeaux qui n’en auront qu’un pour deux). Ils sont pleins d’amertume, de jalousie et finalement d’amour pour leur enfance passée. On comprendra au fur et à mesure pourquoi ils ne sont pas si heureux que cela alors qu’ils le pourraient. C’est écrit avec beaucoup de finesse, de délicatesse. Les dialogues sont pertinents, parfois drôles, sincères. Un roman à déguster sans modération. L’auteure est française, d’origine géorgienne. Elle écrit aussi pour la littérature enfantine.


DEVILLE, Patrick. – Viva

Seuil. – 17,50 €

Viva est un roman bouillonnant, d’aventures, où tout est vrai. Nous sommes dans le Mexique des années 1930, région du monde qui accueille en grand nombre des exilés politiques, des artistes comme Breton, Artaud, Modotti, Traven…Deville met en parallèle deux destins : celui de Trotsky, exilé pourchassé par les sbires de Staline, fréquentant assidûment le couple Frida Kalho et Diego Rivera, et le celui de Malcom Lowry, écrivain de « Au-dessous du volcan », livre culte publié par Artaud, que Trotsky, qui se rêve écrivain au fond d’une cabane, ne pourra jamais rencontrer. Lowry, lui, vit dans une cabane à Vancouver, au milieu des bois en buvant beaucoup de mescal mexicain. Nous parcourons l’histoire en ayant l’impression d’être dans le temps réel, présent mais en même temps en tant que témoin de ce passé tumultueux et vraiment historiquement intéressant. On voyage dans le temps et dans le monde, il faut s’accrocher à la lecture parfois pour ne pas perdre le fil !


♥ HAMILTON, Hugo. – Un voyage à Berlin

Phébus. – 20 €

L’écrivain a choisi la forme romanesque pour retrouver au plus juste les moments partagés avec une écrivaine amie, Nuala O’Faolain, atteinte d’un cancer, alors que chacun sait qu’elle va bientôt mourir.
Le récit restitue le présent d’un court voyage à Berlin, sur des lieux chargés de souvenirs, les menues péripéties d’un quotidien qui doit rester joyeux, sans escamoter l’évocation des choix difficiles dans leurs vies respectives, pour elle, le conflit avec un père tricheur et une mère alcoolique, pour lui, la relation compliquée avec sa fille. On sent qu’il y a une grande complicité entre ces deux écrivains irlandais mais pas seulement, puisque lui est à moitié allemand, et elle, a vécu aux États-Unis. Ils ont chacun une œuvre en partie autobiographique, avec laquelle ce livre entre en résonance.


LIPASTI, Roope. – Le voisin

Gaïa. – 19 €
Traduit du finnois

La traduction de ce livre est fine et précise, même dans les subtilités sémantiques qu’on croirait propres à la langue française. L’auteur est journaliste et écrivain en Finlande, il propose ce roman à la première personne : c’est un professeur d’histoire, veuf, qui a pour proche voisin un chômeur érudit, chargé de famille, bricoleur, capable de solutionner chaque problème de robinet ou d’équilibre de briques par la philosophie. Mais le discours faisant rarement avancer les choses, au milieu desquelles se chamaillent les six enfants, et où soupire la voisine, gentille, patiente, blasée, et fort charmante au demeurant…l’histoire se termine, ou plutôt ne se termine pas, de façon inattendue, car le narrateur et sa voisine sont des gens sérieux : le livre, lui, se termine …bien. Un beau livre étonnant, sur un sujet banal.


LORTHOLARY, Isabelle. – Chanson pour septembre

Gallimard. – 19, 50 €

C’est un roman moderne par la composition qui fait fi de toute chronologie ; il faudrait prendre des notes, les chapitres se suivent et ne se ressemblent pas. L’auteur veut raconter la journée du 7 septembre 1975, c’est le dernier jour des vacances dans le sud. Il y a une falaise qui menace de s’ébouler, un géologue mystérieux la surveille. Deux anglaises et des moutons ont disparu cet été- là et pourtant le 7 septembre il ne s’est rien passé. L’auteur raconte en fait le destin individuel de deux familles : un père de famille a une double vie, une maman décède, une jeune fille de 13 ans rencontre un homme…Voilà le genre de livre à lire si l’on n’a rien d’autre sous la main… Isabelle Lortholary est journaliste à « Elle », chanson pour septembre est son quatrième roman.


BEZMOZGIS, David. – Refuznik

Belfond. – 20 €
A découvrir

Baruch Kotler a pu émigrer en Israël grâce à l’obstination de son épouse et la solidarité internationale, après avoir survécu au goulag. Personnalité politique reconnue pour son intégrité, il est maintenant l’objet d’une cabale et accomplit, trente ans après, un voyage en Crimée, en compagnie de sa très jeune maîtresse. Retour au pays de l’enfance, mais à Simferepol, Yalta, il ne reste que quelques Juifs très vieux. C’est là, cependant, que Baruch Kotler va retrouver l’homme qui l’a trahi et fait condamner à quinze ans de goulag.
Question israélo-palestinienne et identité juive en Russie sont le cadre esquissé d’une confrontation entre l’ancienne victime et son traître. Les protagonistes ont vieilli, que peut signifier le pardon du premier pour l’autre que la vie a puni autrement ? Si le thème est intéressant, on n’apprend rien de cette terre russe qui a connu puis effacé une très importante présence juive, quant au face à face entre les protagonistes, il est théâtral et peu crédible.


RICHOZ, Mélanie. – Le bain et la douche froide

Slatkine. - 16 €

Petit recueil de 24 nouvelles, de 4 pages chacune faciles à lire une par une dans le métro ou l’ascenseur, comme disent les parisiens, sauf que l’auteure est une jeune romancière suisse, ses romans et ce recueil de nouvelles sont l’expression d’un grand humanisme et d’un charisme remarquable. Chaque page est une tranche de vie pleine d’humour, marquée d’une intense sensibilité féminine.

 

 


ROUBAUD, Jacques. – Octogone

Gallimard. – 18,50 €
Poésie

Jacques Roubaud publie de la poésie, du théâtre et des essais sur la littérature. Dans ce volume les poèmes sont groupés par thème : « vingt partitions parisiennes », ou encore « la présentation » (de quoi, on ne sait pas). Le prologue en trois pages est d’une prose si poétique qu’il faut le lire plusieurs fois pour en saisir le sens et la finesse. Quant aux poésies, il en est de très belles, en 10 pieds ou en alexandrins. Il en est d’autres qui n’ont aucun sens, en vers d’une syllabe ou d’un mot, décidément, les voies et les voix de la poésie sont imprévisibles… L’amateur saura éluder les pages nulles pour ne garder que les très belles : "Quand on a dix-huit ans et que le temps est beau / Avec son amoureuse on va Pont Mirabeau / Tombe le soir le fleuve traîne / Regarde en bas c’est la Seine"
Autre avis : Jacques Roubaud sait manier toutes les formes de poésie, de la plus classique à la plus « expérimentale » (des poèmes aux mots disjoints, qui désarçonnent le lecteur mais l’invitent à réexaminer ces mots devenus trop familiers, à leur rendre leur puissance d’évocation). Un recueil qui illustre tout l’éventail de la poésie contemporaine et où chacun trouvera ce qui lui convient.


SOMOZA, José Carlos. – Tétraméron

Actes Sud. – 21,50 €.
Public motivé

Roman initiatique. Une petite fille qui vient de perdre sa maman participe à une sortie scolaire. Egarée dans les ruines de l’ermitage qu’on leur fait visiter, elle pousse une porte qui donne dans une salle minuscule dans laquelle 4 personnes sont assises autour d’une table et racontent des histoires.
Il s’agit d’une allégorie sur l’éveil sexuel d’une jeune fille qui devient pubère. Comme c’est assez théorique, voire cérébral et tout en métaphores, c’est un peu fastidieux à lire.

 


VINAU, Thomas. – La part des nuages

Alma. – 16 €

Noé, le fils de Joseph, est parti pour les vacances rejoindre sa mère. Alors, Joseph est perdu. Il ne trouve plus de formes aux nuages, il se perd en mélancolie, ne va pas au travail. Une nuit, il rencontre un SDF qui l’emmène sur les toits de la cathédrale, voir le monde de haut. Petit à petit, il a moins peur et peut s’ouvrir à la vie des autres avant de rentrer faire un grand ménage chez lui pour le retour de son fils.
En de très courts chapitres, Thomas Vinau nous livre une petite merveille de roman poétique.

 

Romans policiers

 

PATEMAN, R.S. – La deuxième vie d’Amy Archer

Actes Sud. – 22,50 €

Thriller poussif. Une petite fille de 11 ans a disparu ; 10 ans plus tard, une autre petite fille du même âge se présente à la mère et prétend être une réincarnation de sa fille.
Pour entrer dans ce roman, il faut déjà croire à la métempsychose ce qui n’est pas vraiment à la portée du public français. Les lecteurs américains sont peut-être plus réceptifs. A part cela, le thriller se résume aux états d’âme de la mère (mon dieu, est-ce ma fille, ne l’est-elle pas ? ) ce qui est un peu mince comme scénario. Lu en diagonale pour ne pas perdre trop de temps. Ecriture qui plus est sans talent aucun. Un roman que je ne recommanderai certainement pas.

 

Bandes dessinées

 

BOUCQ ; CHARYN. - Little Tulip

Le Lombard. - 16,45 €
Pour adultes

Paul a été déporté avec ses parents, accusés d'espionnage, dans un goulag sibérien. Séparé d'eux, il survit seul dans ces camps terribles de cruauté. Ayant appris le dessin avec son père, il développe son art jusqu'à devenir le tatoueur du camp et réussit à s'en sortir. Des années plus tard, alors qu'il aide la police new-yorkaise à retrouver de dangereux criminels grâce à ses portraits robots, il devra faire face à son passé en traquant un serial killer hors norme.
Une histoire cruelle, violente, pleine de suspens, menée tambour battant par le réalisme du dessin de Boucq.


BROWN, Chester. - Ed the happy clown

Cornélius. – 25,50 €
Ouvrage de fonds

Les aventures surréalistes d'Ed, un clown parti distraire les enfants malades d'un hôpital.
Une édition française de l'oeuvre de Chester Brown qui fait la part belle à l'absurde, au surréalisme pour des histoires empreintes de toute la fantasmagorie des années 80 aux Etats-Unis : la politique, les vampires et loups-garous, la religion et la morale. Une oeuvre ardue à différents niveaux de lecture.


EVENS, Brecht. – Panthère

Actes Sud BD. - 23 €
A découvrir

Huis clos se déroulant dans la chambre d'une petite fille qui vit seule avec son père et qui vient de perdre son chat. Une panthère manipulatrice sort de sa commode, qui lui raconte sa vie dans son pays féérique au milieu de ses drôles d'amis.
Troisième bd du jeune auteur belge tourmenté, hommage à Calvin et Hobbes et à d'autres grands noms de la peinture.


FLAO, Benjamin. - Une saison aux Tuamotu

Futuropolis. - 22 €
A découvrir

Tahiti, sa mer, ses atolls, sa douceur de vivre... Un carnet de voyage à quatre mains réalisé par les deux auteurs qui se sont installés quelques mois sur un atoll afin de remettre en état une pirogue à voile utilisée de manière ancestrale par les polynésiens pour se déplacer avant que les pirogues à moteur ne les remplacent.
Des dessins magnifiques portent cette navigation à fleur d'eau, prétexte à découvrir la vie entre terre et mer de ce petit coin de paradis.


♥ FREY, Julien ; MERMOUX, Dominique. - Un jour il viendra frapper à ta porte

Delcourt. - 16,95 €
COUP DE COEUR

Julien vit en couple avec Maud. Ils projettent d'avoir un enfant ce qui donne envie à Julien d'en savoir davantage sur son père biologique dont il ne connaît que le nom. La rencontre de son histoire et de ses racines juives va révéler un secret de famille difficile qui le conduira jusqu'à Jérusalem.
Roman graphique et autobiographique noir et blanc porté par une ligne souple et légère, minimaliste, qui soutient bien cette histoire sensible.


♥ FROST, Lydia ; KALONJI. - In Bed

Delcourt mirages. - 15,95 €
COUP DE COEUR
Pour adulte

Un couple s'embrasse fiévreusement dans une chambre d'hôtel de Central Park. Ils sont mariés tous les deux mais pas ensemble... Le couple adultère ne vit pas cette parenthèse de la même façon et elle prendra pour chacun un chemin différent.
Un noir et blanc encré magnifique pour une histoire aux personnages bien campés, à la personnalité travaillée. Cette histoire qui aurait pu paraître triviale en raconte davantage sur les rapports homme-femme et la psychologie de chacun.


PECAU, Jean-Pierre. – Lignes de front

Delcourt. – 4 vol. pour l’instant : 14,50 € le volume

6 jeunes dont deux femmes se rencontrent par hasard lors des J.O. de Munich en 1936. Au travers d’une série d’au total 8 volumes dont 4 sont déjà parus, nous sont racontés les destins et les aventures de ces personnages pendant la 2ème guerre mondiale. La guerre nous est aussi racontée comme le titre l’indique à travers les lignes de front : en Afrique, en Crète, lors de la Bataille d’Angleterre, etc…Une série passionnante et attachante.


PRINCE, Liz. - Garçon manqué

Cà et là. - 20 €
A découvrir

Liz Prince est un "garçon manqué". Elle joue au base-ball, porte les cheveux courts, une casquette et des pantalons larges, soit pas exactement la panoplie de la fillette accomplie. Dès le primaire, ses choix sont clairs et ne varieront pas, ce qui lui pose de nombreux problèmes à l'entrée dans l'adolescence où on l'identifie comme un gars puis comme une homosexuelle qu'elle n'est pas.
Ce roman graphique autobiographique au trait enfantin nous plonge dans les questions d'identité, de regard de l'autre, de norme sociale et de perception de la féminité, le tout avec beaucoup d'humour.

 

Documentaires

 

♥ AMEUR, Farid. - Gettysburg : 1er-3 juillet 1863

Tallandier. – 19,90 €
COUP DE COEUR

La bataille de Gettysburg a été un tournant de la guerre de Sécession. Le général Lee, pour compenser un effectif inférieur à celui de l’Union, avait décidé d’envahir le Nord par la Pennsylvanie pour porter un coup décisif aux bleus. Les deux armées se sont rencontrées par hasard (aucun des deux camps n’avait choisi l’emplacement) à Gettysburg. Cette tentative échoua ce qui provoqua la défaite progressive du Sud pris en étau entre l’armée du Nord et celle de l’Ouest commandée par Grant. Un document extrêmement intéressant accompagné de nombreuses cartes et d’illustrations.


CORDIER, Daniel. – Les feux de saint Elme

Gallimard. – 16,50 €
A découvrir

Daniel Cordier connu comme résistant et secrétaire de Jean Moulin, a commis ce petit récit sur ses expériences sentimentales quand, enfant, il était interne dans un collège tenu par des religieux. Amoureux d’un certain David (il révèle par-là ses tendances homosexuelles), il n’a pas pu se déclarer malgré l’attitude peu équivoque de celui-ci. Frustré, il n’a eu de cesse, une fois la guerre terminée de rechercher cet ami perdu. Retrouvé alors qu’ils sont tous deux octogénaires, David se révèle être un personnage peu intéressant. Les illusions tombent, mais ne fallait-il pas s’y attendre ?
Une autre facette de Daniel Cordier remarquablement écrite dans un style limpide et de grande tenue. Le plus intéressant n’est peut-être pas ces amours illicites qui restent d’ailleurs assez chastes, mais plutôt l’éducation stricte et guindée que l’on donnait aux jeunes de cette époque et de ce milieu social. Daniel Cordier a eu bien du mérite d’avoir su passer de l’Action Française à la résistance gaulliste.


FONTENAILLE-N'DIAYE, Elise. - Blue book : récit

Calmann-Lévy.- 17 €

Ceci n'est pas un roman, mais une histoire vraie. L'auteure nous raconte un épisode peu connu du début du XXe siècle : le génocide des populations Hereros et Namas, en Namibie. Alors colonie allemande, le pays a vu se dérouler sur son sol une préfiguration des camps de la mort nazis, en particulier sur la presqu'île de Shark Island, où périrent des dizaines de milliers d'hommes, femmes et enfants.
S'appuyant sur une documentation très minutieuse, l'auteure cite en particulier le Blue Book, un rapport rédigé en 1918 par un jeune irlandais, Thomas O'Reilly. Les Allemands menaçant de repondre à ce rapport par un autre dénonçant les exactions dans les colonies britanniques, le Blue Book fut enterré en 1926. Aujourd'hui, un seul exemplaire subsiste, conservé dans une bibliothèque Sud-Africaine. Un livre important à lire.


JACQUOT, Benoît. – Le journal d’une femme de chambre

Avant-scène cinéma. – 15 €

Avant-scène cinéma publie tous les mois un scénario de film et, quand cela est possible un film récent. C’etait le cas au mois de mai avec le journal d’une femme de chambre réalisé par Benoît Jacquot. Plus que le scénario, c’est le dossier qui l’accompagne qu’il faut lire : c’est en quelque sorte l’équivalent des bonus des DVD. Ici, il est particulièrement intéressant : interview de Benoît Jacquot, explications de la costumière, comparaisons avec les autres adaptations de l’œuvre de Mirbeau ainsi qu’une étude sur le contexte historique de l’époque et un inventaire illustré des films ayant pour sujet la domesticité (la cérémonie, le locataire, etc…) sont au menu. Des photos et des documents d’époque illustrent ce dossier de 70 pages. Quand cela est possible la MDJ prête l’avant-scène avec le DVD du film. Pour celui-ci il faudra attendre que le DVD sorte.


PAGE, Martin. – Manuel d’écriture et de survie

Seuil. – 14 €

Ni récit, ni roman, c’est un manuel. Martin Page répond aux lettres d’une jeune femme, Daria, désirant écrire puis publier son propre livre. Ce livre fourmille de conseils idéologiques, pratiques même.
C’est un peu didactique, même s’il prône la liberté pour chacun de trouver son chemin en écriture. J’aurai bien aimé lire les réponses et les arguments de Daria. « La facilité avec laquelle certains publient des livres bâclés ne doit pas nous conduire à oublier d’aimer notre art », écrit Martin Page.

 

 

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