Notes prises pendant la formation les 12 et 13 mai 2022 (intervenant : Régis Aubert pour le Cabinet Fabienne Aumont).

Régis Aubert est responsable de l’Espace Image & Son de la Médiathèque Georges Perec (Gagny 93), référent pour la Philharmonie de Paris, programmateur et médiateur culturel dans le dispositif Gagny Grande Scène.
Il est également musicien, auteur pour la jeunesse, intervenant en musiques actuelles, conférencier.

Les pratiques de "consommation" de la musique chiffres et évolution

Animer : une priorité

La priorité est donnée à la médiation, au rapport au public, aux compétences techniques, à la culture du son. Il faut privilégier le temps d’échange autour de la musique : la médiathèque est un des rares lieux où peut se créer cet échange.
Les compétences disco-bibliothéconomiques deviennent secondaires.

  • Le secteur musique ne doit pas être isolé : nécessité d'une co-construction avec les collègues des autres secteurs et d'être en cohérence avec le projet d'établissement et de territoire.

  • Le secteur musique n'est pas un lieu d'accueil "passif" : toujours faire le lien avec les collections. Exemple : audition de l’école de musique, il faut essayer de faire un lien avec le fonds (partitions, CD ou titres joués...).

  • Travailler sur la médiation « hors les murs » pour toucher des publics éloignés (Esat, Lycées, Foyers, EHPAD...). Exemple : échange entre lycéens et personnes d’un EHPAD avec écoutes des morceaux des uns et des autres.

  • Faire un inventaire des ressources locales : écoles de musique, associations, artistes et musiciens amateurs, salles de concerts, festivals.

  • Les organismes à connaitre pour les droits de diffusion musicale : il est nécessaire de faire une déclaration lors de toute diffusion de musique dans l’espace de la médiathèque (sonorisation, animation, écoutes sur place).
    - La SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) qui rémunère donc les auteurs, compositeurs, éditeurs.
    - La SPRE (Société pour la perception de la rémunération équitable) collecte auprès des utilisateurs et répartit entre les quatre sociétés qui représentent les artistes interprètes d'une part et les producteurs d'autre part.
    - Le seul cas ou il n’est pas nécessaire de faire une déclaration concerne la musique libre si la licence accorde la diffusion en public.

  • Aide au montage de projets : le CNM (Centre National de la Musique) peut être une ressource.

  • Communiquer et évaluer : le meilleur outil c’est le « bouche à oreille ». Présence sur les réseaux sociaux (pour attirer un public qui ne vient pas : Snapchat, TikTok, Twitch), diffuser des infomations sur le portail, avoir une liste de diffusion aux adhérents.
    De plus en plus de structures enregistrent des podcasts.
    Il est important d'évaluer et de continuer de communiquer après sur l’évènement.

Typologie des évènements musicaux en médiathèque

  • La base : la sonorisation de l'espace par un système de diffusion musicale. Proposer de l'écoute individuelle sur des bornes ou postes d'écoute, des QR code renvoyant vers une playlist sur le portail de la médiathèque. Il peut aussi y avoir la présence d'un instrument à demeure.

  • Médiation culturelle autour de la musique : club d'écoute, brunch musical, présentation d'une musique à la fermeture de la bibliothèque, sieste musicale, quizz musical, café vinyles, accompagnement à la production de podcats, etc.

  • Médiation musicale : atelier slam, découverte des instruments, prêt d'instruments, atelier bruitage, jeux d'oreilles et de doigts, conte en musique, présentation d'applications musicales sur tablettes, séance de jeux vidéo musicaux, etc.

  • Médiation culturelle et musicale avec intervenants spécialisés : conférence musicale, atelier DJ, atelier MAO (musique assistée par ordinateur), atelier mashup. Le mashup est une chanson créée à partir d'une ou deux autres chansons pré-enregistrées, habituellement en superposant la partie vocale d'une chanson sur la partie instrumentale d'une autre.

  • Concerts : séance de Djing, showcase (rencontre musicale sous un format léger avec échange avec les usagers), concert, ciné-concert, festival. Le DJing est la pratique par laquelle un artiste DJ (Disc-Jockey) « mixe » (mélange) différents morceaux musicaux entre eux pour animer un événement. On appelle cette performance un mix DJ. Traditionnellement, le mix DJ consiste à passer d’un morceau à l’autre en réalisant des transitions.

Zoom sur certains types d'évènements musicaux

  • Concert :

Les musiciens prennent conscience aussi que les médiathèques peuvent être de nouveaux lieux pour s’exprimer : de plus en plus proposent des « petits formats ».

- Organisation : faire un rétro planning car la communication doit se faire bien en amont (environ 6 mois avant), faire une fiche projet, budgétiser l’évènement.

- Démarches : auprès des organismes qui perçoivent les redevances pour les droits de diffusion musicale. Avec l’artiste ou son représentant, faire un contrat de cession qui doit fixer : le titre du spectacle, la durée, le lieu, la date de la représentation, le coût, les défraiements, le mode de paiement.
À partir de la fiche technique de la prestation voir si nécessité : d’un intervenant extérieur comme, par exemple, un régisseur, faut-il louer du matériel son, lumière, etc ?
Une personne de l’équipe doit être formée pour les questions d’assurance, de sécurité.

- Accueil de l'artiste : prévoir le gatering, le chouchouter.

- Mobiliser l'équipe. La réalisation d’un concert peut souvent entrainer un réaménagement ponctuel de l’espace donc l’équipe doit s’y préparer.

  • Découverte du vinyle :

- Constat : l’achat de vinyles est toujours en progression. Quatre acheteurs sur dix ont moins de 30 ans : désir d’objets, de matérialité.
Mais les problèmes à venir sont les suivants : le prix va augmenter et l’accès aux usines de pressage devient difficile pour certains artistes.

- Proposition d'animation : la découverte du support peut se faire sous la forme d’une présentation d’une trentaine de vinyles (le choix rend compte de la diversité mais pas de choix pointu) avec platine, enceinte bluetooth, mobilier adapté, le but étant de vivre une expérience, d’entrer dans une temporalité autre (écoute d’une face en entier). Peut s’accompagner d’autres animations autour des vinyles : atelier DJing avec un intervenant qualifié au niveau de la technique et de la pédagogie, sleeveface (comme les bookface mais avec des pochettes de vinyles), conférence sur l’histoire du vinyle ou encore une exposition.
Possibilité aussi de prêter des platines (on peut trouver des platines entre 100 et 150 euros). Une tête de lecture se change en moyenne à 700 heures d’écoute.

  • Cafés musicaux, clubs d’écoute, siestes musicales :

Il s'agit de moments d'écoute et de partage. C'est une expérience collective et sociale.

- Organisation : soit une écoute en continu suivi d’échanges, soit une écoute titre par titre avec présentation des morceaux. 

- Contenu : soit un moyen de présenter les dernières nouveautés, soit une présentation autour d'une thématique (en rapport avec les animations ou la politique culturelle de la collectivité.

- Qui fait quoi ? Le professionnel n’est pas là pour parler de ses goûts, mais pour rendre compte de la diversité des musiques, pour mettre en lumière des répertoires peu médiatisés. Les usagers peuvent participer aux propositions d’écoute : c’est une bonne façon de les mettre au cœur du dispositif, mais il faut veiller à l’équilibre des interventions.
C'est également une bonne expérience à tenter avec les enfants.

- Les plus petits : on peut aussi associer les arts plastiques (dessin, modelage, etc) pendant l’écoute.

Éducation au son : ces moments peuvent être l’occasion de faire des tests d’écoute pour comparer un morceau : en son analogique et numérique, en format Mp3, AAC, WAVE, etc.

Éditorialisation des contenus, pour alimenter les portails.

- Le "café musical" de la formation : dans le cadre de la formation, chaque participant a présenté un titre en essayant de donner le contexte, des éléments pour décrire l'atmosphère, le genre, etc. Voici les titres présentés : 

  • Albin de la Simone : « Soleil »
  • Aurora : « Blood in the wine »
  • Animal triste : « Tell me how bad I am »
  • Mansfield TYA : « les filles mortes »
  • Ikoqwe : « Pele »
  • Beirut : « Nantes »
  • Lynyrd Skynerd : « Sweet home Alabama »
  • David Bowie : « Station to station »
  • Paul McCartney : « Long tail winter bird »

Exemple avec le titre « Soleil » de Albin de la Simone, tiré de l'album « Happy end » :

  • Présentation de l’artiste : auteur, compositeur, interprète, musicien et dessinateur français. À la base il est claviériste aux côtés d’artistes comme Alain Souchon, Vanessa Paradis, Alain Chamfort...
    Également arrangeur et réalisateur pour : Pierre Lapointe, Miossec, Pomme, et d'autres.
    Récompensé pour sa carrière solo : nommé au Prix Constantin en 2005 pour son album « Je vais changer », nommé aux Victoires de la musique en 2014 (catégorie « Révélation scène ») pour l’album « Un homme » puis en 2017 (catégorie « Meilleur album de chansons ») pour l’album « L’un de nous », également coup de cœur de l’Académie Charles Cros.

    C’est un artiste qui multiplie les collaborations et les expériences (concerts performances au Musée d’art moderne, création de concerts dessinés, siestes acoustiques, etc).

  • L'album : « Happy end ». Pendant le confinement, les mots ne venant plus, il s’est « contenté » de mélodies composées au piano. Il a décidé alors de publier un album instrumental. À part dans sa discographie, cet album « Happy end » est enregistré en 3 jours au studio Ferber. Il inaugure la collection « les instrumentot ou tard » sur le label « Tôt ou tard ».
    L’artiste a sélectionné une vingtaine d’instruments et « construit », à partir de ses partitions, ses morceaux en piochant au fur et à mesure dans cette liste d’instruments.
    C’est un album d’atmosphères, lumineux, parfois mélancolique, propice au rêve, à la contemplation.
    Chacun se crée ses propres histoires, ses propres scénarios. Idéal pour une séance de sieste musicale.

Ressources

  • Dossier « Ressources » de l’intervenant :  peut être diffusé sur demande. Contacter Dominique Bernard : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
  • Autres pistes : les fiches pratiques proposées par la médiathèque départementale d'Ille-et-Vilaine : les Fiches-animation musique et Organiser un showcase en médiathèque.

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