Romans

 

♥ BEGAUDEAU, François. – Molécules

Verticales. – 19,50 €
COUP DE COEUR

François Bégaudeau nous livre là une belle histoire. Parti d'un fait divers très simple, un homme tue une femme, il nous introduit dans le cerveau des personnes liées au crime.

Il analyse subtilement les motivations, les molécules particulières qui vont parcourir ce temps, d’avant le crime, pendant l'instruction, le procès, puis longtemps après le verdict.
Il y a une dose d'humour et de réalisme qui ne nuit pas à ce roman policier : un mobile, une victime, une vengeance, dans un style simple, et des phrases courtes.
Auteur un peu touche à tout, « Entre les murs » l'a fait connaitre en 2007, « Molécules » est son huitième roman chez Verticales.

Marie


♥ CARRE, John. – Le tunnel aux pigeons : histoire de ma vie

Seuil. – 22 €
COUP DE COEUR

John Le Carré raconte à travers des chroniques les événements qui ont inspiré ses romans : depuis les rencontres avec des personnalités connues jusqu’à ses relations étonnantes avec son père, un aventurier dispendieux. L’écriture est à la mesure du propos et on lit ces pages avec grand plaisir. Toujours de bon ton, il sait préserver toutefois son intimité et ne tombe aucunement dans le sensationnel.

Françoise


COBERT, Harold. – La mésange et l’ogresse

Plon. – 20 €

Il s’agit d’une relation de l’affaire Fourniret qui a défrayé la chronique à partir de 2003 ; on en entend encore parler régulièrement notamment à propos de la petite Estelle Mougin disparue en janvier 2003 et qui n’a jamais été retrouvée. On soupçonne Fourniret qui, et ceci est avéré, a certainement d’autres meurtres sur la conscience que les 9 petites filles et jeunes filles abusées et tuées entre 1987 et 2003. En juin 2003 une petite fille de 13 ans réussit à lui échapper ce qui déclenche une enquête. L’intérêt de ce récit réside dans le déroulé de l’enquête qui s’est terminée au bout d’un an avec les aveux de Monique Fourniret. On assiste aux doutes et à la ténacité des policiers belges qui ne veulent pas d’une deuxième affaire Dutroux. C’est une bonne reconstitution assez passionnante et bien menée. À découvrir.

Françoise


HADDAD, Hubert. – Premières neiges sur Pondichéry

Zulma. – 17,50 €

Le violoniste Hochéa Meintzel est invité en Inde du Sud pour un festival de musique et quitte pour cette occasion Israël où il reste marqué par un attentat. La langue utilisée dans ce roman est très riche avec des phrases très longues. On a l’impression de toucher, de sentir, d’entendre tous les paysages décrits par l’auteur. La lecture est assez difficile mais l’ensemble est magnifique !

À découvrir.

Chantal Guillot


♥ LIGHIERI, Rebecca. – Les garçons de l’été

P.O.L. – 19 €
COUP DE COEUR

Zachée et Thadée sont deux jeunes frères qui partagent la même passion pour le surf. Ils partent ensemble à la Reunion et c’est au cours de cet été que le destin frappe. Thadée subit une attaque de requin et se fait arracher une jambe. Il devient infirme et c’est alors que tout bascule. La jalousie s’invite dans l’esprit de Thadée qui va se transformer en dangereux psychopathe. Très bon roman, bien écrit et agréable à lire.

Chantal Guillot


PAROLA , Agnès. – Les évidences

Gunten. – 15 €

Récits de femmes qui voyagent entre « tendresse et folie ». Ensemble assez noir pour toutes ses nouvelles. Lecteurs avertis ! un seul conseil : âme sensible s’abstenir… A découvrir.

Chantal Guillot

 

 


PORQUET, Jean-Luc. – Lettre au dernier grand pingouin

Verticales. – 19,50 €

C'est une lettre adressée comme une excuse, une demande de pardon à un animal, le dernier grand pingouin, abattu en 1844 par des pêcheurs islandais.

C'est l'histoire d'un grand  (encore un) carnage perpétré par l'homme envers l'espèce animale.

Historique, érudite, scientifique, cette lettre nous assène des vérités pas toujours agréables, plutôt pessimistes mais évidemment urgentes à comprendre.

Marie


♥ SANCHEZ GUEVARA, Canek. – 33 révolutions

Métailié. – 9 €
COUP DE COEUR

Le narrateur est un fonctionnaire qui travaille dans un ministère à la Havane, il est mélancolique et désabusé. Pour lui, la vie est un disque rayé, les discours ne changent pas, ni les silences… Mais tout s’effondre, les maisons comme les idées politiques. La vie tourne en rond et la chaleur est accablante. Canek, l’auteur, est le petit-fils du Che, c’était un artiste libertaire, écrivain et musicien né en 1974. Il a vécu à Mexico, Barcelone et en Italie. Anarchiste et fan de rock, il est mort à Mexico en 2015. Il s’agit de son unique ouvrage. Texte poétique très bien écrit et captivant. C’est un hymne à la liberté !!

Chantal Guillot


SEURAT, Alexandre. – L’administrateur provisoire

La brune au rouergue. – 18,50 €

Ce livre est l’histoire de Raoul H, arrière-grand-père du narrateur qui fut administrateur provisoire du gouvernement de Vichy pendant l’occupation. Ce rôle consistait en fait à spolier les biens des familles juives pendant la guerre. L’exercice du roman documentaire est assez difficile, je pense que l’auteur est bien documenté mais je n’ai malheureusement pas éprouvé le même enthousiasme que pour son premier ouvrage : "La maladroite". Dommage !!

A découvrir.

Chantal Guillot

Romans policiers

 

KERR, Philip. – Pénitence

Ed. du Masque. – 22,90 €

Gil Martins, agent du FBI lutte depuis Houston contre le terrorisme et les extrémismes. Lorsque plusieurs personnalités athées trouvent la mort de façon étrange, il ouvre une enquête qui le conduit à l’église d’Izrael.

La description du milieu sectaire est fort intéressante ; malheureusement l’auteur n’a pas su comment finir et s’enlise dans les 50 dernières pages. Nous ne sommes pas habitués à une telle déception de la part de Philipp Kerr, auteur reconnu dans plusieurs pays. Dommage.

Françoise

Bandes dessinées

 

BEAULIEU, Jimmy. - Rôles de composition

Vraoum ! - 18 €

Noémie est une actrice qui tente de vivre de son art à Montréal, se cherche et vit une histoire d'amour avec Colette. Elle finit par partir pour Berlin pour vivre une autre histoire d'amour...

Des pages en bichromie de différentes couleurs pour une histoire d'amour moderne, libre et émancipée, qui reste faible dans le scénario.

À découvrir. – Public adulte

Elodie


♥ DACHEZ, Julie ; mademoiselle Caroline. - La différence invisible

Delcourt Mirages. -  22,95 €
COUP DE COEUR

Marguerite a 27 ans, elle est intelligente et vive, elle a des amis, un compagnon et travaille dans une grande entreprise. Pourtant, elle se sent depuis toujours différente des gens qui l'entourent, elle est agressée par les bruits, les lumières vives, elle ne comprend pas le second degré, les interactions entre les gens et lutte au quotidien contre les imprévus en se créant des rituels.  Un jour, en faisant des recherches sur internet, Marguerite prend rendez-vous dans un centre spécialisé qui lui apprend qu'elle est autiste Asperger...

Une BD récit de vie inspirée de celle de Julie Dachez qui permet de comprendre la vie des personnes porteuses de ce syndrome et de les accepter telles qu'elles sont.

Elodie


EID, Jean-Paul ; PAIEMENT, Claude. - La femme aux cartes postales

La Pastèque, 2016. - 23,00 €

Rose est une chanteuse au sein d'un trio vocal des années 50 aux Etats-Unis. Son récit s'entremêle avec celui d'un  professeur d'anthropologie à qui la CIA apprend que ses restes ont été retrouvés dans les tours du World Trade Center... Ce qui l'amènera à faire des recherches sur son identité et à croiser la vie de Rose.

Une histoire dessinée en noir et blanc comme un vieux film d'auteur, empreinte de nostalgie pour une époque révolue, un film au long cours parcourant agréablement un demi-siècle sur un fond de jazz.

À découvrir.

Elodie


♥ CINNA et BARBONI. – Hibakusha

Dupuis (Aire Libre). -  16,50 €
COUP DE COEUR

Ludwig Mueller est un traducteur interprète allemand – japonais qui est envoyé à Hiroshima pendant la seconde guerre mondiale afin de crypter des documents confidentiels. Alors que l'Histoire tourne mal, il tombe amoureux d'une jeune japonaise...

Hikabusha signifie « les survivants de la bombe », un récit douloureux dans une guerre terrible extrait d'une nouvelle de Barboni, et le trait aérien et épuré qui permet la poésie et la beauté à chacune des pages.

Elodie


♥ RADICE, Teresa ; TURCONI, Stefano. – Le port des marins perdus

Treize étrange. - 22,00€
COUP DE COEUR

Abel est un jeune garçon, amnésique suite à un naufrage. Il va parcourir les mers du monde pour tenter de reconstituer son histoire.

Une BD magnifique, une virtuosité graphique, toute au crayon, un véritable récit d'aventure qui nous emmène sentir l'air du large, le vent dans les voiles et les chants de marins ! Une totale réussite graphique et scénaristique.

Elodie


♥ TOULME, Fabien. - Les deux vies de Baudoin

Delcourt. – 25,50 €
COUP DE COEUR

Baudoin travaille dans une entreprise comme juriste. Son emploi ne lui procure aucune satisfaction, il compte déjà les jours qui le séparent de la retraite en rêvant à ce qu'il aurait pu être, lui qui était guitariste de rock... Son frère, quant à lui, semble au contraire mener sa vie à corps perdu, enchaînant les missions humanitaires et les aventures amoureuses. C'est alors que la maladie s'infiltre et bouleverse les univers.

Une BD dans la lignée développement personnel dans le style « ta seconde vie commence quand tu découvres que tu n'en a qu'une » et qui traite de manière efficace des crises de changement de vie. Le dessin colorisé est simple et efficace et les planches de papier de couleur sépia tout au long de l'album témoignent des retours en enfance de manière judicieuse.

Elodie


WARY, Chloé. - Conduite interdite

Steinkis. -  18 €
COUP DE COEUR

Nour rentre en Arabie Saoudite après cinq ans passés à Londres. Il lui est difficile de se soumettre de nouveau à l'autorité paternelle, aux règles sociales et religieuses qui fondent son pays et qui font de la jeune femme un être soumis, qui n'a pas le droit de conduire. Elle doit se marier pour trouver un peu de liberté et rejoindre un mouvement féministe clandestin.

Un roman graphique noir et blanc réussi qui permet de comprendre la vie des femmes en Arabie Saoudite.

Elodie

Documentaires

 

♥ BERT, Anne. – Le tout dernier été

Fayard. – 15 €
COUP DE COEUR

Anne Bert est morte deux jours avant la sortie de ce livre. C’est le récit émouvant d’une femme atteinte de la SLA (Sclérose amyotrophique), maladie incurable et dégénérative. Elle décrit avec douceur et sagesse sa vie quotidienne et son détachement progressif avec la vie et les êtres aimés. Il s’agit d’un témoignage très fort ; ce récit est un plaidoyer pour l’euthanasie encore interdite en France.

Cet ouvrage venant de sortir, il ne se trouve pas encore dans les rayons de la MDJ.

Chantal Guyot


BLUM, Léon.- Le dernier mois

Arléa. – 6 €

Ce court texte, extrait de son journal, concerne son dernier mois de captivité en Allemagne. Léon Blum, emprisonné dès 1940 par le gouvernement de Vichy, est transféré en avril 43 dans une maison en lisière du camp de Buchenwald, sous la surveillance directe de la gestapo. S'il ne partage pas le sort des déportés, il est cependant prisonnier, considéré comme otage et sait qu'il peut à tout moment être exécuté, comme l'a été Georges Mendel son compagnon de cellule. À partir de ce moment il ne peut plus échanger que quelques lettres mensuelles avec ses proches. Le "dernier mois" couvre la période du 3 avril au 4 mai 1945. Les nazis, contraints de reculer face à l'avancée des alliés, regroupent différents otages, comme lui (des opposants allemands comme Tyssen et les survivants des officiers de l'attentat contre Hitler, un officier des renseignements britanniques, un neveu de Molotov...) et les convoient d'une prison improvisée à l'autre ; chacun sachant qu'il peut à tout moment être supprimé. On trouvera ici les observations les plus précises sur ce que Blum peut entrevoir de l'évolution politique, les conditions de vie des prisonniers et leurs geôliers, l'évacuation précipitée des camps, mais il évoque aussi ses propres conditions de vie, car ce livre à sa publication s'adresse à son fils et sa bru. C'est un document historique précieux et un texte qui suscite l'admiration.

UN LIVRE IMPORTANT À LIRE

Hélène


DAVID, Filip.- La maison des souvenirs et de l'oubli

Viviane Hamy. – 18 €

Ensemble de textes de natures différentes, fragments biographiques, correspondances, réflexions sur le mal et l'identité juive, articles, qui jalonnent le parcours de quatre hommes, devenus amis à New York, venus de l'ex-Yougoslavie, et Juifs survivants de l'Holocauste. Ce roman polyphonique qui donne la parole aux « derniers témoins» est dû à un écrivain juif né en Serbie en 1940. C'est un roman inattendu et nécessaire pour garder à l'esprit la nécessité du souvenir et celle de l'oubli.

UN LIVRE NECESSAIRE

Hélène


♥ DEBRAY, Régis. – Civilisation : comment nous sommes devenus américains

Gallimard. – 19 €
COUP DE COEUR

Plus synthétique que l’ouvrage de Michel Onfray (voir ci-dessous) et paru à peine trois mois après lui, le livre de Régis Debray démontre  que notre civilisation est peu à peu phagocytée par la civilisation anglo-saxonne. Les preuves ici ne manquent pas ; Debray au soir de sa vie peut simplement se remémorer la vie quotidienne des français dans sa jeunesse et la comparer avec la vie actuelle. Une promenade dans le quartier latin avec un avant et un après est particulièrement concluante. Mais contrairement à Onfray et même si on sent chez lui une certaine nostalgie, il ne se comporte pas en juge : d’un changement peuvent naître des avantages ; le changement porte même en lui une force, une énergie. Par ailleurs tout se transforme et rien ne disparaît véritablement. Il insiste sur le fait que c’est par le matériel, les habitudes et les comportements qu’une civilisation se transforme en une autre peu à peu : c’est quand les citoyens se sont appropriés, par exemple les hamburgers au détriment des jambon-beurre que la nouvelle civilisation s’impose. Il termine sur une note optimiste : mourir ne voudrait rien dire d’autre que muter : le propre d’une civilisation est de porter en elle un gène récupérable et susceptible d’hybridation. C’est un ouvrage d’une grande érudition, (Debray convie les anciens, Paul Valéry ainsi que Simone Weil qui avaient très tôt prédit l’américanisation du monde) ; il est convaincant et passionnant. Il donne envie de lire d’autres textes de cet auteur.

Françoise


DE LUCA, Erri. – La nature exposée

Gallimard. – 16,50 €

Un homme vivant dans la montagne aide les clandestins à passer la frontière. Pour ce geste humanitaire, il n’accepte aucune contribution financière. Cette démarche originale va l’exposer médiatiquement et le contraindre à quitter rapidement son village natal. Il va reprendre son travail de sculpteur et l’église lui demande de retirer un drapé sur la nudité d’un christ.

Deux thèmes sont abordés dans cet ouvrage : la place de la religion dans la société et la solidarité nécessaire face à la crise migratoire actuelle. Livre très intéressant pour les thèmes abordés, très belle écriture. À découvrir.

Chantal Guillot


KERSHAW, Ian. – L’Europe en enfer : 1914-1949

Seuil. – 26 €

Ce gros volume  de 630 pages retrace la période la plus noire de l’histoire européenne : les deux guerres et la montée des périls et des extrémismes dans les années 30. Évidemment l’auteur apprend peu de choses à ceux ou celles qui ont déjà lu ses ouvrages ou d’autres documents historiques similaires. La seule nouveauté,  c’est la prise en compte de tous les pays, même les plus petits pour constituer  une histoire comparative. C’est une bonne synthèse mais comme toutes les synthèses c’est un survol des événements. Seul Kershaw pouvait tenter l’aventure de cette rédaction qui du reste est, comme toujours très sérieuse et très documentée, avec profusion de cartes et de photos soigneusement choisies.

A découvrir ou redécouvrir.

Françoise


ONFRAY, Michel. – Décadence

Flammarion. – 22,90 €

Cette somme de 651 pages surprend : avec un tel titre on s’attendait  au moins à une évocation de l’apogée de notre civilisation judéo-chrétienne  puis à un argumentaire destiné à montrer ce qui provoque la décadence de cette civilisation. Or, avec Michel Onfray celle-ci semble « décader » dès ses origines. L’auteur ne voit que le négatif, les violences, les prises de pouvoir, les superstitions, la chasse aux sorcières, etc.. Mais les avancées dans le domaine des arts, la culture, l’agriculture,  les découvertes,  etc…semblent totalement gommées par l’auteur. Surtout, le fait que cette civilisation soit elle-même un mélange de plusieurs apports au fil des siècles n’apparaît pas ou à peine. Il tombe dans l’anachronisme en utilisant des termes modernes pour qualifier des situations ou des personnes du temps des premiers chrétiens ou de la renaissance. Ainsi il qualifie Isabelle la catholique d’antisémite, elle  qui pourtant (dixit Onfray lui-même) fait appel à Christophe Colomb, juif paraît-il. Enfin le comble c’est de faire croire que l’antisémitisme d’Hitler viendrait de la religion chrétienne sous le prétexte que, dans "Mein Kampf", celui-ci parle de la Providence qui lui est favorable. Il occulte sciemment toutes les théories raciales du XIXème siècle qui en fait, sont la base du nazisme : le mythe des aryens, supérieurs à toutes les autres races, la chasse à tous ceux qui ne le sont pas. Des phrases frisent le ridicule : ainsi Onfray souligne que seuls les chrétiens n’ont pas été pourchassés par les nazis ! C’est méconnaître d’une part que les églises protestantes et catholiques ont été bridées et que certains ecclésiastiques récalcitrants ont été envoyés en camp de concentration et d’autre part que toutes les activités des sociétés européennes avant la guerre de 39-40 étaient rythmés par les rites chrétiens ; dans les campagnes, tout le monde allait à la messe ! Faire une chasse systématique aux chrétiens aurait tout simplement été impossible ; Hitler aurait eu contre lui tout le monde à commencer par les industriels et les généraux ; mais il était bien dans ses intentions d’éradiquer le christianisme après avoir gagné la guerre*. Enfin on relève des contradictions tout au long de ce récit : tantôt Jésus n’aurait pas existé, tantôt Onfray en parle comme s’il avait tout de même existé, etc.. Il termine en dénonçant les dérives de l’art contemporain et en commentant la montée de l’islamisme et des attentats sans rien apporter de nouveau.

Tout ceci au fond manque de recul, de hauteur d’esprit : on se perd très souvent dans les détails et on refait l’histoire : ce n’est d’ailleurs pas inintéressant mais au bout du compte le fil est perdu et l’impression d’ensemble est plus une soupe cacophonique qu’une étude argumentée et pensée.

Outre que Michel Onfray montre ici que lui-même est bien influencé par la culture judéo chrétienne (le sentiment de culpabilité), il est sans doute aussi victime de son succès et de sa notoriété : il faut produire et qu’importe s’il n’est pas historien : il a sans nul doute ingurgité un grand nombre de documents sans vraiment les avoir digérés. C’est dommage car sa contre histoire de la philosophie qui l’a fait connaître était passionnante. Mais là il parlait en professeur de philosophie, c’était sa partie.

Françoise

*Sources : diverses biographies d’Hitler dont la dernière : Hitler, une biographie / Ulrich Volker ;

La révolution culturelle nazie /Johann Chapouteau.


WARESQUIEL, Emmanuel de. – Juger la reine

Tallandier. - 22,50 €

S’appuyant sur des archives non encore étudiées l’auteur reprend le déroulé du procès de la reine et de son exécution. Si effectivement on en apprend un peu plus sur les personnages qui ont contribué  à la mort de la reine : les jurés, l’accusateur public, les avocats, Waresquiel laisse surtout transparaître son émotion par ce récit. Il le confie lui-même : ce projet lui est  venu après avoir visité la conciergerie où selon lui le silence de l’enfermement était palpable. Inutile donc de préciser que cet essai tourne au fil des pages à l’hagiographie fort peu scientifique. L’ensemble n’est donc pas très convaincant, cela manque de rigueur et il n’y a aucune distanciation. On peut le ranger dans la catégorie des documentaires romancés.