Dans une histoire de France fortement machiste, les femmes de tête ont toujours vu leurs actes décriés, elles ont principalement servi de boucs émissaires pour expliquer tous les maux d’une époque.

Death of Brunhilda (British Library), par Giovanni Boccaccio (De casibus virorum illustrium)Mais aucune – si ce n’est peut-être la grande Catherine de Médicis – n’a été autant diffamée que Brunehaut, reine mérovingienne, présentée comme une mégère, accusée d’avoir semé la zizanie entre son mari Siegebert et le frère de celui-ci Chilpéric, dépeinte comme se crêpant le chignon durant des décennies avec sa belle-sœur Frédégonde… jusqu’au supplice final, gore à souhait, qui inspira moult illustrateurs de toutes les époques.


Elle était pourtant d’une autre envergure, très cultivée et dotée d’un sens politique moderne ; elle a tenu pendant 47 ans son rôle, résistant aux ambitions conquérantes de la Neustrie voisine et défendant les droits de ses fils et petit-fils.

Pour pénétrer dans le monde mérovingien, civilisation bien plus complexe que l’image véhiculée de royaumes barbares ; pour comprendre le fonctionnement de ces rois, qui s’entretuèrent en éprouvant parfois un chagrin immense à devoir assassiner neveux, frères ou fils ; et pour réhabiliter Brunehaut qui, dans cet univers tout de même impitoyable (admettons-le), avec le soutien du sage Gontran - le plus grand roi de Bourgogne - a sans cesse privilégié des voies politiques plus douces, la lecture de l’ouvrage de Bruno Dumézil est un pur délice.


Et pour tous ceux qui désirent élargir cet horizon historique à l’ensemble des périodes mérovingienne et carolingienne et comprendre comment s’est construit l’identité et forgé le paysage social de la France entre la Gaule gallo-romaine et l’avènement des Capet, un ensemble de textes lus passionnants :