Une constante peut au moins se dégager de l’histoire de la Franche-Comté : la province a connu bien des époques terribles de guerre, de misère et de massacres, mais les quelques périodes pendant lesquelles des femmes l’ont gouvernée sont marquées en revanche par la prospérité (gouvernements de Mahaut et de sa fille Jeanne II, de Marguerite de Bourgogne…).
Voici quelques grandes dames que vous aurez le plaisir de mieux connaître grâce aux documents de la MDJ…
Mahaut d'Artois (vers 1269/1270-1329), pair de France par son titre de comtesse d'Artois, comtesse de Bourgogne par son mariage avec le comte Othon IV de Bourgogne, possédait en Franche-Comté au titre de son douaire les revenus des seigneuries de La Loye, Ornans, Pontarlier, Chissey, Colonne, Bracon et Arbois. Son mari lui avait également offert les châteaux de La Vieille-Loye, Quingey et Belmont et quelques autres terres (Aresches, La Châtelaine, Santans, Gevry, Lavans, Montmirey, Grozon…). Les péages d’Augerans et Belmont participaient à ses ressources, mais les recettes les plus importantes lui venaient des salines de Salins. Très appréciée en Franche-Comté selon les textes qui nous sont parvenus, elle apparait bien différente de la Mahaut immortalisé dans les Rois maudits par Druon (et sous les traits d’Hélène Duc puis de Jeanne Moreau dans les adaptations télévisées).
Isabelle de Portugal, née le 21 février 1397 à Évora, morte le 17 décembre 1471 à Dijon, épousa à 32 ans Philippe III de Bourgogne (dit Philippe le Bon). Isabelle joua un rôle de mécène pour les arts et eut une grande influence politique sur son mari, qu'elle représenta dans plusieurs conférences diplomatiques, ainsi que sur son fils Charles le Téméraire.
Guigone de Salins (1403-1470) est une personnalité de la noblesse de l'État bourguignon au Moyen Âge. Elle est issue de la famille des seigneurs de Salins-la-Tour du Jura. Elle ne fait pas partie elle-même des personnalités politiques de l’histoire de notre région, mais elle est la fondatrice en 1443 avec son mari le richissime chancelier Nicolas Rolin des Hospices de Beaune, fondation « laïque », ce qui est une rareté sinon une nouveauté au 15ème siècle. Dans les hospices, les indigents et les pèlerins sont soignés dans des dortoirs qui peuvent paraître de notre point de vue forts peu confortables ni intimes, mais somptueusement décorés. Devenue veuve, elle continue à diriger l'Hôtel-Dieu jusqu’à la fin de sa vie et à se consacre au réconfort des malades.
Marie de Bourgogne (1457-1482), duchesse de Bourgogne, de Brabant, de Lothier, de Gueldre, de Limbourg et de Luxembourg, comtesse de Flandre, d'Artois, de Bourgogne, de Hainaut, de Hollande, de Zélande, de Namur, de Charolais et de Zutphen, marquise du Saint-Empire, dame de Frise, de Malines et de Salins. Fille unique de Charles le Téméraire, elle passe l'essentiel de ses années de règne (1477-1482) à défendre ses droits à l'héritage de son père, disputé par le roi de France. Son mariage, en 1477, avec l'archiduc Maximilien d'Autriche oriente pour près de deux siècles la géopolitique de l'Europe. Elle est la mère de Philippe le Beau, le père de Charles Quint.
Marguerite de Bourgogne (1480-1530) aurait pu être surnommée « la poisse ». Sa vie privée fut une suite de déceptions. Fiancée manu militari à 2 ans au dauphin de France afin de légitimer l’anschluss de Louis XI sur la Franche-Comté, le Charolais, le Maconnais, l’Auxerrois et l’Artois, elle s’attache à son promis mais elle est mise à la porte en 1491 pour laisser la place à l’héritière de Bretagne. Elle remporte tout de même dans ses valises l’Artois et la Franche-Comté, y compris les précieuses salines de Salins, qu’elle ira offrir trois ans plus tard à l’héritier d’Espagne. Veuve au bout de six mois, elle perd dès la naissance l’enfant de ce mariage d’amour. Remariée en 1501 au jeune et beau duc de Savoie, elle se retrouve à nouveau enceinte et veuve dès 1504, et accouche pour la seconde fois d’une fille qui meurt à la naissance. Elle fait construire le monastère de Brou à la mémoire de ce second amour et, bien échaudée, refuse désormais les demandes en mariage pour se vouer à l’éducation du futur Charles Quint et au gouvernement des Pays-Bas. Gardant une dent contre la France, elle préfèrera toujours participer aux alliances (voire les susciter) contre ce pays qui l’a humiliée, et réussira son plus beau coup en participant de façon très efficace à l’élection de son neveu Charles à la couronne impériale du Saint-Empire romain germanique, contre le candidat François 1er. Son immense fortune, accrue par chaque infortune conjugale, lui a servi à mener de nombreux projets de mécénat (peinture, tapisseries, vitraux constructions…) et à soutenir financièrement de nombreux écrivains, peintres et musiciens de premier plan.
Toutes les notices biographiques ont été rédigées à partir des notices de Wikipedia, résumées, modifiées ou complétées à l’aide des livres de la MDJ sur les personnalités présentées