Compte-rendu de la formation ayant eu lieu en octobre 2016
Qu’est-ce que le cinéma ? C’est la synthèse de la décomposition du mouvement, de la photographie et de la projection.
Le spectacle d'images avant le cinéma
Ces formes ne sont pas du cinéma, mais en 1953, la première exposition de Langlois est intitulée « 300 ans de cinéma ».
La lanterne magique est inventée vers 1680 par Christian Huygens, astronome. Elle a été un spectacle populaire très répandu par les colporteurs jusqu’à l’invention du cinéma, mais ce n’est pas du cinéma car la photographie n’existait pas.
En 1887-1888, Edison invente le Kinétoscope mais l’image n’est pas projetée.
Emile Reynaud en 1891 présente au musée Grévin des projections de dessins animés qu’il appelle Théâtre optique. Les éléments du cinéma sont là, projection et décomposition du mouvement, mais il s’agit de dessins, jamais de photographies.
Les debuts du cinématographe
On date la naissance du cinéma de l’invention du cinématographe par les frères Lumière en 1895.
Les premières contraintes techniques :
Les premières pellicules sont des pellicules photos car les frères Lumière ont fait fortune avec les autochromes (photos en couleurs).
De plus, le cinématographe est très petit et peu maniable car il n’est pas équipé de viseur.
Les améliorations postérieures des frères Lumières :
En 1927, invention du Vitaphone qui permet de synchroniser pellicule et 33 tours. « Le chanteur de jazz » proposait encore un son sur disque vinyle, ce qui posait des problèmes pour la synchronisation image et son. Plus tard, le son optique a été couché sur le bord de la pellicule.
Les modes de diffusion :
Dans les théâtres, cafés, grands magasins, foires qui sont à l’époque des moyens de vulgarisation scientifique et des vitrines du progrès scientifique. Mais le public de ces manifestations est par essence volatile. Les lieux de projection sont des baraques en bois, et les projectionnistes achètent la pellicule au mètre auprès des éditeurs. La conception des films est proche du théâtre : chez Mélies, on assiste à un spectacle composé de plans fixes comme au théâtre. La caméra ne change pas de point de vue (la caméra est vissée au sol dans le studio de Mélies).
Le spectacle devient forain et fait voyager. Mais il est assimilé aux spectacles populaires : cirques, marionnettes, etc. Il ne s’adresse qu’aux milieux populaires. Il respecte les formes et temps des spectacles habituels fréquentés par ces milieux. Les incendies de pellicule fréquents et la fréquentation des apaches participent à sa réputation sulfureuse.
Organiser une réunion bilan annuelle de bilan de l'action culturelle :
À partir des grilles d’évaluation remplies et des bilans de chaque animation, créer chaque année une image de l’action culturelle de la bibliothèque. Préférer les camemberts aux tableaux.
- Quelles actions et quelles formes ont fait venir du monde ?
- Quels publics n’ont pas été sensibles au programme proposé ?
Envoyer le bilan écrit à chacun avant la réunion d’équipe sur le sujet.
Première crise économique en 1907... diversification des publics :
Se pose alors la question d’élargir le public. Les premières salles de cinéma apparaissent. Les contenus des premiers films choquaient, ils changent. Pour atteindre un nouveau public, on greffe une notion artistique. En 1908, le film « L’assassinat du duc de Guise » est scénarisé par un membre de l’académie française, joué par des acteurs de la comédie française et la musique est de Saint-Saens.
La Société cinématographique des gens de lettre se monte pour adapter des grands auteurs, mais les œuvres sont filmées comme du Mélies, il n’y a pas de participation émotionnelle.
Cette notion de contenu émotionnel viendra des USA. Griffith invente le langage cinématographique. Il copie « Le médecin du château » de Pathé. Il fractionne l’espace pour guider le regard du personnage, invente le gros plan qui provoque l’identification : on se voit en miroir dans le personnage, puis on voit par les yeux du personnage. Les sauts de point de vue donnent de la densité au temps qui passe.
Le cinéma français donne à voir une culture préexistante, le cinéma américain forge une mythologie.
Avec cette évolution, le cinéma traverse les clivages sociaux, il commence à raconter des histoires en trouvant la forme adéquate.
Historique de la place du court-métrage dans le spectacle cinématographique
L’histoire du court métrage n’existe pas en dehors de l’histoire du cinéma en général.
Le cinéma est né court (environ 1 minute) car 17 mètres de pellicule donnent 50 secondes de films. Mais il y a d’autres raisons à cette naissance en mode court.
Année 20, apparition de la notion de court-métrage :
Le long métrage devient alors la norme (en 1915, « Naissance d’une nation » dure 3h30). La notion de court métrage naît en 1922 en opposition au long métrage.
La séance de cinéma progresse et se structure : en première partie les actualités et le court métrage, en seconde partie le film. Ce double programme se généralise avec des variantes : en première partie la série B et le grand film en seconde partie. Se pose alors la question de la programmation : quelles œuvres proposer ensemble ?
Les ciné-clubs datent des années 20 et se développent pour montrer des séances pensées et des films qu’on ne voit pas ailleurs (cinéma des surréalistes etc).
L’avant-garde artistique se saisit du cinéma pour créer et développe une volonté d’expérimentation, un jeu sur les points de vue et sur la technique. S’apparente à cette tendance une volonté de dénoncer le côté courtisan du long métrage.
Le court-métrage de cette époque dénonce le cinéma et connaît un premier âge d’or avec des formes nourries du surréalisme et de recherches formelles. Ces films sont financés par des mécènes et diffusés dans les ciné-clubs.
Crise de 1929 et apparition du parlant, les vaches maigres :
Ces jeux formels apparaissent bien futiles. À cela se greffe l’invention du cinéma parlant qui s’accommode mal de ces recherches.
Les courts-métrages des années 30 sont des films pauvres, ancêtres du clip ou numéros de music-hall, à l’exception de quelques films de réalisateurs : Jean Vigo, Marcel Pagnol, Marcel Achard…
Des difficultés à partir de 1939 mais une renaissance après-guerre :
Difficultés suivies également d’interdictions qui se multiplient en Europe : interdiction de faire allusion aux américains, aux années d’avant-guerre, aux auteurs juifs… Une loi restructure la séance de cinéma en octobre 1940 : le court-métrage devient obligatoire en début de séance et 3% des recettes de la séance vont au réalisateur du court. Mais le système est vite détourné par les productions qui vendent des films à bon marché. De cette période date une image négative du court métrage associé au docucul (court métrage documentaire de commande ou moralisateur). Cette loi n’est pas remise en cause après la guerre, ce qui permet aux réalisateurs de courts métrages de faire carrière et à toute une génération de se former. À côté des films de commande apparaissent des films et des réalisateurs de qualité. Un groupe de réalisateurs militent pour que le CNC mette en place une prime à la qualité.
En 1953, la rémunération automatique est supprimée et remplacée par cette prime à la qualité, mais parallèlement, quelques semaines plus tard, l’obligation de passer des courts-métrages est abrogée.
C’est l’époque ou le « Groupe des 30 » (Brumberger, Demy, Resnais etc.) milite pour l’existence du court métrage et produit le « Manifeste pour le court ». Mais les réalisateurs se nourrissent des commandes pour faire à côté du cinéma. Les critiques des Cahiers du cinéma écrivent sur le court métrage pour le promouvoir. Mais il reste cantonné au documentaire. Il n’existe de fictions courtes que pour les enfants. C’est la nouvelle vague qui apporte de la fiction dans la production de courts métrages, ainsi que la révolution technique des premières caméras légères et transportables permettant de sortir dans la rue, ainsi qu’une évolution de la pellicule.
Cette révolution technique mondiale permet de lancer des réalisateurs, qui sont aidés par les producteurs craignant que les coûts de production s’effondrent.
À cette époque, le court métrage a perdu toute spécificité par rapport au long. Cette porosité entre les deux formats est accompagnée par l’arrivée de la télévision entre 1955 et 1965 : les cinémas perdent la moitié de leur public et il faut tout réinventer pour garder des clients : arrivée de la couleur, du cinémascope… les innovations doivent rendre l’expérience cinématographique incomparable.
Années 1970 : menace d'extinction :
La séance de cinéma se réinvente également dans les années 1970, mais le court-métrage et ses festivals disparaissent à cette époque des écrans. Jacques Tati, dans son discours lors de l’obtention du César d’honneur 1977 pour l’ensemble de son œuvre, défend le court-métrage. Entre 1978 et 1981, une association est créée à Clermont-Ferrand : « Sauve qui peut le court» qui produit un festival international. La production de films courts est nombreuse mais cantonnée à des amateurs et sans moyens, elle ne trouve pas d’écran. Entre 1981 et 1983, sous l’ère Jack Lang, se crée l’agence du court-métrage, l’association qui centralise le court.
1981-2015 : épanouissement et structuration
Pendant cette période, le court renaît avec de jeunes sociétés de production comme la Société Lazennec. Le couple producteur-réalisateur se recompose, cette forme bénéficie d’aide et de davantage de moyens. Il existe maintenant plus de 300 festivals de court par an en France, et un réseau de diffusion développé qui maille le territoire.
En 2012 a lieu le premier « Jour le plus court » qui se transforme en 2015 en fête du court métrage sur 3 jours.
L’agence du court reçoit et visionne les courts-métrages. Tous ne présentent pas une vision de cinéaste, certains démontrent un savoir-faire technique sans langage personnel.
Pour finance les courts-métrages, il existe des aides du CNC sur scénario, certaines régions et certains départements pratiquent le mécénat, et les télévisions proposent des préachats. Mais le genre ne subit pas de pressions économiques car il n’est pas assez rentable pour cela.
Les festivals sont ouverts à tous les films, du moment qu’ils ont un visa d’exploitation (et encore !).
L’agence du court-métrage anime un circuit de distribution, le RADI (réseau alternatif de diffusion) proposant un catalogue de 300 films auquel sont abonnées environ 300 salles de cinéma dont un quart de salles Art et Essais.
Le moyen métrage a moins de circuit de valorisation. Mais il a son festival, à Brive.