Notes prises au cours de la formation organisée à la Médiathèque départementale du Jura en visioconférence le 12 mars 2021 (intervenants : Bruno Doucey qui est écrivain, poète et éditeur, et Murielle Szac pour la poésie jeunesse qui est auteure, éditrice et directrice de collections).

Les collections de poésie adultes et jeunesse sont très peu empruntées en bibliothèque et nécessitent une valorisation efficace pour trouver leurs publics. Mais les bibliothécaires ne sont pas toujours très à l’aise pour transmettre le goût de la poésie.

Bruno Doucey et Murielle Szac ont créé la maison d’édition Bruno Doucey pour développer 4 axes :

  • Une ouverture aux poésies du monde : œuvres publiées dans leur langue originale avec la traduction en regard et anthologies multilingues.
  • Une ouverture vers un public le plus large possible (principes de l’éducation populaire). La poésie ne doit pas être réservée à un cercle restreint de convertis.
  • Montrer la double identité des grandes poésies :
    - Lyrisme et engagement : exprime le rapport de l’être au monde et le désir de changer le regard porté sur ce monde.
    - Expression de l’intime et force de la valeur collective.
  • Faire la place belle à l’oralité et à la rencontre. La poésie est un art vivant qui se nourrit de la rencontre avec un public. Bruno et Murielle participent à 180 rencontres par an, y compris pour des formes très intimes (lectures en appartement), interviennent dans les écoles, les bibliothèques, les festivals en France et à l’étranger et répondent également à des commandes publiques.

Leur objectif : sortir de l’étiage qu’a connu la poésie française, un temps menacée de disparition de tout outil de visibilité notamment parce qu’elle s’était trop fermée au grand public.

Qu'est-ce que la poésie ?

Stéréotypes

  • "La poésie ça doit rimer" 

    En sortant du cursus scolaire qui ne comprend aucune formation à la poésie contemporaine, une grande partie du public pense que les poèmes sans rime sont du n’importe quoi.
    Les formes poétiques anciennes ou traditionnelles (épopée, fable, dizain, « tombeau », haïkus, pantoum) n’ont rien perdu de leur intérêt, mais la poésie n’est pas constituée de ces seules formes.

    Il y a aussi la poésie en vers libres, versets, aphorismes, prose (exemples : Giono, Gracq).
    A contrario, des textes qui riment peuvent ne pas être de la poésie (exemple donné par J.-P. Siméon : « Ce matin, mon cousin Alain a pris un bain »).
    D’où vient l’idée qu’il est plus facile d’écrire en vers libres qu’en rimes ? Chercher le mot juste est-il plus facile que de se conformer à un cadre ?

    Le poète doit trouver un mode d’expression accordé à son imaginaire et à l’époque dans laquelle il vit. Il faut savoir désapprendre, chercher à exprimer le bouleversement intime.

  • "La poésie, c'est fait pour faire beau, c'est une décoration de la pensée"

    La poésie n’est pas morale, elle n’est pas forcément belle (sous-entendu « bien »…).
    Il existe une esthétique de la laideur : voir par exemple « Une charogne » de Baudelaire, ou bien la description par Hermann Hesse d’une usine fumant dans la vallée…
    Selon Aimé Césaire, la colère, le cri, le doute, le désespoir, etc. sont des vecteurs d’expression poétique.
    Selon Siméon : la poésie n’est pas là pour délivrer un système d’explication du monde, elle est là pour le questionner.
    Selon Jacottet, la poésie ne donne aucune leçon sur la façon dont il faudrait vivre, mais elle consiste en un questionnement permanent sur les choses de la vie, une autre manière d’aborder les questions.

  • "La poésie c'est le rêve"

    La poésie serait liée à l’onirisme.
    Quelques contre-exemples : Le parti-pris des choses de Ponge, ou ses autres œuvres comme celle consacrée au savon dans tous ses états, les Œuvres de François de Cornière qui célèbrent le quotidien. Voir également les œuvres de Gilles Jouanard, Christian Bobin, Philippe Delerm
    Selon Henri Michaux, la poésie est exploration du labyrinthe de l’inconscient. Le poète est un hyper-attentif aux choses, un obsédé du réel.

  • "On n'y comprend rien, c'est élitiste"

    La poésie permet d’accéder à une autre compréhension du réel. C’est une approche cognitive différente, plus proche du sentiment et davantage de l’ordre de la perception que de la compréhension. Comment par exemple décrire l’amour ? Ça ne se dit pas avec des mots simples, ne se comprend pas de façon définitive, c’est mouvant et contradictoire…
    La poésie est importante par l’écho qu’elle trouve en nous et l’espace qu’elle ouvre en nous.

  • "Le poète est un rêveur ou un dépressif"

    Cette perception du poète traduit une connotation de mièvrerie et de naïveté associée à la poésie.
    Voir : C’en est trop d’Hermann Hesse : lettre adressée à son fils.

Pratiques scolaires préjudiciables

  • "L'apprentissage par coeur sans comprendre le sens du texte"

    Sans remettre en cause l’importance de la récitation et de connaître des textes par cœur, la poésie ne se résume pas à un moyen mnémotechnique.

  • "L'approche cérébrale et technicienne"

    L’étude de la littérature à partir du collège tient de l’activité du médecin-légiste disséquant l’écriture poétique. On étudie en cours l’anatomie d’un texte au lieu d’en faire entendre la vibration.
    Beaucoup d’enseignants ne savent pas comment aborder le poème entre l’approche technique et l’approche impressionniste…

    Privilégier une approche quotidienne et la démultiplication des approches.
    Afin de transformer la poésie en respiration quotidienne et mettre les élèves en situation d’ouverture.

  • Question de stagiaire : "Comment reconnaître ce qui est poésie de ce qui ne l'est pas ?"

    Se méfier des poètes auto-déclarés ou auto-édités, des éditions à compte d’auteur sans aucun travail d’un éditeur (relecture avec du recul).
    Faire confiance aux maisons d’édition et au filtre éditorial. La maison d’édition reçoit 1500 manuscrits par an pour en publier une vingtaine. Elle publie à compte d’éditeur, cela veut dire qu’elle s’engage totalement sur une œuvre en laquelle elle croit.
    Au-delà, on a aussi le droit de ne pas adhérer aux choix de l’éditeur car il y a une grande part de subjectivité et de ne pas aimer ce qui est publié.

Le paysage éditorial aujourd'hui

Pour constituer des fonds ouverts et éclectiques. Il existe une centaine de maisons d’édition qui publient de la poésie.

1. Les collections patrimoniale : 

  • Poésie NRF chez Gallimard (Neruda, Hikmet) : pas cher, accompagné d’une préface, d’une chronologie, bibliographie, etc…
  • Points Seuil : exemple HaÏkus d’aujourd’hui. (Mais attention : les pages ne tiennent pas).
  • Collection « En résistance » aux éditions Bruno Doucey.

2. Maisons à tradition sociale et engagée :

  • Le temps des cerises (Maïakovski : Le nuage en pantalon).

3. Maisons qui publient beaucoup de voix contemporaines :

  • Le castor astral (anthologie Le désir en nous comme un défi au monde), auteurs français essentiellement.
  • Po & Psy : ne publient qu’un livre par auteur.
  • Cheyne (série des États provisoires du poème).
  • La passe du vent à Lyon, associé avec La rumeur libre.
  • Isolato : publie un livre par an. Exemple : Ce que je dois à Aimé Césaire.
  • Éditions de l’arbre (typographie à l’ancienne).
  • Actes sud (moins présents en poésie aujourd’hui).

Le paysage éditorial est extrêmement diversifié. En France, on peut le classer en 3 pôles :

1. Pôle patrimonial : 

  • Il comprend des éditeurs qui gèrent une collection de poésie, des éditeurs parascolaires (Hatier, Hachette, Bordas, Magnard), qui publient les essentiels et incontournables.
  • Le pôle patrimonial constitue le socle des références partagées (Philippe Jaccottet).
  • Aucune bibliothèque ne peut en faire l’économie et il est facile à constituer car reconnu.

2. La tradition lyrique et humaniste :

  • Ouvert au monde, aux préoccupations sociétales, c’est de lui que vient le renouveau de la poésie aujourd’hui.
  • Importance dans ce pôle de la poésie d’Afrique du Nord et de l’Outre-mer français.

3. Pôle textualiste, formaliste et en quête d'avant-garde :

Très en vogue dans les années 70-80.

  • Il tend à envisager la poésie comme une effraction du langage.
  • Il vise à transformer le langage par la poésie.
  • Les auteurs, proches de la performance, vont souvent aux frontières du livre (ils peuvent faire plus de scène qu’ils n’écrivent de livres).
  • Voir les éditions Al dente et éditions de l’attente qui font un travail proche de celui que font les revues.
  • Voir la collection Poésie chez Flammarion.

Influence des éditions étrangères

  • Belgique : un nombre certain de poètes français sont édités en Belgique. Voir les éditions L'arbre à paroles.
  • Suisse : les éditions Empreintes (Sylviane Dupuis) publient des auteurs de qualité très marqués par la figure tutélaire de Philippe Jaccottet ainsi que par la polyphonie linguistique suisse.
  • Québec : très actif dans la défense de la langue française et précurseur dans beaucoup de domaines dont les écritures féministes. Voir les éditeurs suivants : L'Hexagone, Les écrits des forges, Les éditions de Noroît, Mémoire d'encrier (édition créée par un écrivain haïtien, qui propose une veine amérindienne intéressante, par exemple Joséphine Bacon (qui est venue dans le Jura à Cinquétral).
    Les éditions québecoises s’installent en France, on peut donc facilement trouver les œuvres.
    En revanche, il est plus difficile pour des éditeurs français de s’implanter au Québec car le prix unique du livre n’existe pas et les livres sont taxés à l’exportation (la Tabelle).

Rôles du livre d'artiste

Voir les éditions Æncrages basées à Baume les Dames.

Quelques exemples de livres d’artistes (montrés durant la formation) :

  • Leporello qui propose des livres en accordéon : on peut en faire fabriquer en atelier, les enfants apprécient. (Ex : Poème Dans l’atelier du peintre, livre sur Gustave Courbet).
  • Emboîtage : Sur un chemin kanak.
  • Livre réalisé sur le thème de l’Attrape-rêves : fragments qui se lisent dans n’importe quel sens, on peut le suspendre, l’habiller d’éléments, il est associé également à la lecture aléatoire de fichiers audio.
  • Dans le cadre du Land Art : livre géant suspendu dans un arbre, les pages tournent avec le vent.
  • Editions de la Margeride (Robert Lobet) : l’éditeur peut venir en médiathèque avec une mini-presse personnelle et animer un atelier de médiation.

Le livre d’artiste fait un effort de vulgarisation, on trouve des prix raisonnables autour de 35€.
Il existe des bibliothèques de livres d’artistes, un marché, des salons du livre et des lieux de mémoire (maison de Michel Butor, atelier de Patrick Cutté, etc…).

Les anthologies

À l’occasion du Printemps des poètes, B. Doucey publie chaque année une anthologie. En 2021 :

  • Le désir : aux couleurs du poème. On y trouve la typoésie d’Alain Damasio, Margaret Atwood, Léo Ferré… René Daumal dont le poème sous forme de comptine avec reprise se prête bien à un atelier d’écriture.

Chaque anthologie est accompagnée de l’édition ou de la réédition d’autres œuvres autour de la même thématique :

  • Le livre d’amour, de Lenore Kandel, interdit en 1966, publié en français seulement maintenant dans une anthologie : Beat attitude.
  • La baie vitrée, d’Yvon le Men (qui programme les poètes d’Etonnants voyageurs).
  • Une femme en crue, de Caroline Boidé.
  • Feux, de Perrine Le Querrec, inventaire des feux qui embrasent le monde.
  • Drive, d’Hettie Jones (anthologie pas totalement bilingue, car trop longue).

La questions des éditions bilingues

Elles nécessitent un travail sur la disposition des mots en vis-à-vis sur la page.
Le miroir des pages est équilibré, la disposition correspond, il n’y a pas une langue plus longue que l’autre.

  • Question de stagiaire : "Avez-vous des traducteurs attitrés ?"

    À la différence des maisons d’édition spécialisées, qui ont plusieurs traducteurs pour une même langue, les éditions BD ont un traducteur de référence pour chaque langue.
    Pour les poèmes très narratifs coréens, l’éditeur ne fait pas d’édition bilingue car l’équilibre des pages ne serait pas respecté (une ligne en symboles coréens, c’est trois lignes en français).
    Il y a une forte tradition poétique en Iran. Les éditions BD laissent aux autres éditeurs le soin de publier les grandes voix et publient les jeunes auteurs.
    Les éditions BD ont peu publié de poètes chinois et cherchent quel jeune poète chinois publier. Idem pour la Russie.

  • En pleine figure (2013) : haïkus de la guerre de 14-18 : poètes français initiés aux haïkus avec l’écriture des saisons et qui retrouvent dans la fragmentation de la guerre quelque chose qui correspond aux haïkus.
  • Je ne peux le croire (2016) : Fukushima, Nagasaki, Hiroshima, haïkus et tankas… Cet ouvrage pose la question de la médiation culturelle et du public à viser car c’est très beau mais très dur (un poète raconte les effets d’Hiroshima sur son corps, sa vie, ses enfants…) ! On ne peut quasiment pas faire de lecture publique, on ne peut pas avoir recours à la langue d’origine.
    Cette publication est un choix éditorial : un livre qui ne marchera peut-être pas beaucoup, mais c’est important et même essentiel qu’il existe.
  • Pour une poignée de ciel (2020) : poèmes au nom des femmes dalits (intouchables) bilingue hindi/français. Projet porté par Jiliane Cordey dont c’était le sujet de master, il traite de l’émergence des classes dominées dans la littérature.
  • Terre de femmes (2010) : 150 ans de poésie féminine en Haïti.
  • Se donner le pays (2016) : paroles jumelles. Il interroge les racines de la culture calédonienne. À mettre en rapport avec la question de l’indépendance.
  • Voix Vives 2020, en partenariat avec le festival « Voix vives de Méditerranée ».

Anthologies jeunesse

  • Collection poés’idéal: anthologies jeunesse pour publics adolescents. Elles ne sont pas vraiment sur des thématiques mais plutôt sur des valeurs à défendre. Exemple : Passagers d’exil convoque 60 auteurs contemporains de tous les pays autour d’un sujet. Chaque livre se clôt sur un dossier : synthèse et bibliographie et adresses d’associations où militer.

La poésie peut permettre de forger des idéaux.

La valorisation de la poésie

Pourquoi aller à la rencontre du public ?

L’éditeur doit à la fois répondre à ses attentes et apporter l’information et la formation dont il a besoin sur un domaine qu’il ne connaît pas. La poésie classique ne nécessite pas de médiation supplémentaire car l’école, les éditeurs et les bibliothèques remplissent ce rôle. Mais la question de la médiation est cruciale concernant la poésie contemporaine.
Sans médiation et sans valorisation des fonds constitués par les éditeurs, il n’y a pas de renouvellement de la publication car la question de la rotation des ouvrages est prépondérante pour les éditeurs français et étrangers (comme pour les bibliothécaires obligés de désherber).
Il est nécessaire de valoriser le fonds constitué.

Comment valoriser l'offre de poésie ?

Il s’agit de dépasser les idées reçues, les malentendus et les préjugés.

Préjugés

"La poésie est un genre élitiste", "Le public a été dégoûté de la poésie par l'école".
Pour lever ces préjugés, voir les écrits de Jean Pierre Siméon, bien utiles au lecteur d’aujourd’hui :

  • La poésie sauvera le monde, éd. Le Passeur
  • Aïe, un poète, éd. Cheyne
  • La vitamine P, éd. Rue du Monde

Il est important de transmettre des textes qu’on aime car le moteur pour la médiation, c’est l’enthousiasme afin que l’émotion partagée soit transmise.
Un bon fonds de poésie est celui qui est suffisamment éclectique pour que chacun y trouve ce qui le touche.

Préparer la médiation

Prévoir une mise en disposition du lecteur, afin qu’il soit dans un état propice à la rencontre.

  • Question stagiaire : "Comment mettre le public dans cet état propice à la rencontre ?"

    "C’est la question que se pose l’éditeur dès qu’il publie un livre. Il faut penser en amont à la stratégie, aux rencontres… Exemple : J’ai vu Sisyphe heureux, de Katerina Apostolopoulou (édition bilingue grec-français) qui a reçu un prix à Montreuil (Pépite de la fiction ados). Cinq ans plus tôt, l’auteure avait envoyé un manuscrit que l’éditeur avait refusé en argumentant le refus. L’auteure est restée en relation avec la maison d’édition et a participé à des soirées avec des scènes ouvertes, où l’on a pu constater qu’elle avait une très belle voix. C’est sur une de ces scènes ouvertes qu’elle présente un poème provoquant une forte émotion. L’éditeur l’invite alors à poursuivre. Elle présente un texte trop court pour une édition (pour faire un dos visible en rayons de librairie), qu’elle étoffe à la demande de l’éditeur.
    Celui-ci se demande alors quel public viser pour ce texte. Comme c’est de la poésie narrative très accessible, il est décidé d’aller à la rencontre des jeunes adultes.
    Le livre est sélectionné pour le salon du livre de Montreuil et choisi contre toute attente par le jury d’ados pour le prix.
    L’auteure et l’éditeur réfléchissent alors à la suite :
    - produire un livre audio numérique avec ses textes lus par l’auteure.
    - organiser une « Tournée » lectures de l’auteure dans des centres de vacances."

Traduction dans le monde des bibliothèques : réfléchir la médiation en même temps que l’on fait les acquisitions et gérer les acquisitions en fonction de la valorisation que l’on peut mettre en place. (On ne pourra pas forcément la faire à chaque fois, mais il faut y penser.)  

Comment médiatiser les fonds de poésie ?

  • Remarque stagiaire : "Il faudrait une diffusion quotidienne , une imprégnation, comme l'organisent les grands publicitaires dans les médias..."

    "Ouest-France a publié des années un poème par jour. Yvon Le Men a fait des commentaires chaque semaine pendant le confinement. La Croix intègre également la poésie dans ses pages".

  • Remarque stagiaire : "Il manque la dimension audio"

    "Pendant le confinement, des lectures de poèmes ont permis de constituer des communautés d’auditeurs comprenant jusqu’à 1000 personnes en comptant le podcast. Certains se sont ensuite déplacés l’été en festival (par exemple à Sète).
    Dans l’émission Boomerang sur France Inter le 12 mars, Augustin Trapenard a invité Marina Hands à lire un poème."

Le poème objet de médiation

Le poème laisse un espace au lecteur, il est incomplet, inachevé. Le sens est produit conjointement par celui qui produit le texte et celui qui le lit.
Certains poèmes sont faits pour la lecture silencieuse, d’autres pour l’interprétation scénique ou pour la performance… (Voir Valère Novarina).
Ces aspects peuvent être matérialisés par la disposition des mots sur la page : des mots qui se mettent debout, avec des blancs ou autres particularités qui produisent des silences à compléter par celui qui lira le texte. Un poème se crée à deux et le sens est renouvelé par l’acte de lecture.
Ceci explique que des poèmes qui viennent de loin n’ont pas pris une ride (exemple : la poésie de Sappho). Le sens est renouvelé génération après génération car il est suffisamment polysémique pour se prêter à de multiples interprétations.
Le poème est un espace éminemment démocratique car il est fondé sur la libre interprétation d’autrui.

  • Remarque stagiaire : "La poésie, c’est dire les choses autrement"

    "Le poète crée une pâte à pain qui va gonfler entre les mains du lecteur et qui est plus importante quand elle est dans les mains du lecteur que quand elle est dans celles de l’auteur."

Critères pour les choix des collections à proposer

Il faut en revenir aux questions fondamentales :

  • Qui sommes-nous ?
  • A qui nous adressons-nous ?
  • Qu’avons-nous envie de dire ?

Une bibliothèque doit proposer un fonds de poésie :

  • Encyclopédique et pluraliste
  • Patrimonial
  • Couvrant les domaines cognitifs

Ne pas proposer que des poèmes, penser aussi aux essais sur la poésie, comme ceux de Jean-Pierre Siméon.
L’anthologie Bris de vers est une bonne entrée dans la poésie du 20ème siècle.
Proposer dans les collections au moins une anthologie de la poésie française, récente et couvrant toutes les époques y compris le 20ème siècle (ce qui n’est pas le cas de la néanmoins très bonne anthologie de Max-Pol Fouché et Pompidou).
On peut aussi proposer des anthologies de poésie étrangère. Exemple : Les éditions Patino (en Suisse) avaient produit une anthologie latino-américaine.

1. Pluralisme de la collection : 

Elle doit contenir un grand nombre de regards et d’opinions car la poésie est plurielle. En revanche, on peut privilégier tel ou tel pôle dans la constitution du fonds. C’est parce qu’il y a pluralisme qu’il peut y avoir spécialisation.
Exemples de collections spécialisées dans des bibliothèques : les fonds René Depestre à la bibliothèque de Limoges, la Bibliothèque de l’abbaye Nelson Mandela à Créteil qui détient le fonds d’un phalanstère d’artistes. C’est là que se trouve le dépôt légal des éditions B. Doucey. Bibliothèques spécialisées dans l’histoire de la résistance littéraire.

2. Accessibilité de la collection : 

Elle doit satisfaire les besoins et désirs d’un assez large public.

  • Attention à la dérive d’une hyper intellectualisation du texte poétique. Il y a un enjeu sur le retour à une parole poétique plus ouverte, plus démocratique, qui n’empêche pas l’exigence car la massification des publics culturels n’est pas la démocratisation.
  • La fracture entre l’élitisme et le populaire existe, mais ce n’est pas une fatalité car elle n’existe pas dans tous les pays de la même façon. Exemple : au Nicaragua à Granada, le public comprend les enfants des rues comme les ambassadeurs.

Prendre en compte les circonstances : être en phase avec les problématiques du temps.

  • Voir ce qui se passe du côté des programmations théâtrales.
  • Regarder ce qui se passe du côté des cinémas : une fois par an organiser une action en lien avec la programmation, ou même la susciter. Ce n’est pas trop compliqué à mettre en œuvre ni trop onéreux. Exemples : le film coréen Poetry, ou bien soirée Neruda avec projection du film sur le Winnipeg, etc.
  • Tenir compte des sorties nationales ou des grandes causes nationales et faire preuve d’intuition sur ce qui va marcher (ce qui se passe autour de l’Algérie avec la déclassification des Archives et la reconnaissance de la torture, ou bien anniversaire de Fukushima…)
  • Dimensionner l’action culturelle à l’importance de l’événement.

3. Utiliser les ressources locales : auteurs et artistes :

Dans le Jura : Nathalie Novi, Pierre Gascar, etc.

  • Tables, présentoirs, affichage mural, lectures…
  • Exposition de l’artiste, à organiser aussi hors les murs.
    On peut interroger les ouvrages de la bibliothèque sur le lien entre texte et image, entre le lisible et le visible, les relier à une production contemporaine. On peut mélanger les livres adultes et les livres jeunesse.

  • Remarque stagiaire : "Et la poésie bilingue? Où la mettre en rayon ? En poésie ou en langue ?"

    "Pour Bruno Doucey, plutôt au rayon poésie, mais cela dépend selon les ouvrages. L'un ou l'autre choix sont limitants".

  • Remarque stagiaire : "On peut faire tourner ces fonds et les mettre quelques années d'une côté, quelques années de l'autres..."
  • Question stagiaire : "Je placarde des poèmes avec illustrations sur les mirs de la bibliothèque. Est-ce que j'en ai le droit ?" 

    "On doit demander l’autorisation au détenteur des droits (droit moral pour l’auteur, rémunération ou non au bon vouloir du détenteur des droits = l’éditeur). Généralement l’éditeur donne gracieusement l’autorisation du moment que ce n’est pas une entreprise commerciale qui va engranger de l’argent pour la bibliothèque. La seule condition demandée est de citer la source.
    Le cas est différent pour une utilisation commerciale ou pour une reproduction pirate sur Internet…
    Le souci de l’éditeur est de protéger l’œuvre de l’auteur et non de tarifer l’utilisation dans une action non commerciale. Mais il aime être au courant lorsque les bibliothèques procèdent à un affichage ou organisent une lecture. La bibliothèque envoie la demande au détenteur des droits qui la transmet à l’auteur.
    Les textes entrés dans le domaine public sont utilisables sans condition (c’est-à-dire 70 ans après la mort de l’auteur, sauf lorsqu’il y a prolongement des droits pour cause de faits de guerre, ainsi certains textes d’Apollinaire viennent tout juste d’entrer dans le fonds public, 100 ans après sa mort, et certaines de ses œuvres posthumes ne sont pas encore libres de droits).
    Le droit de citation existe mais ne s’applique pas toujours. Attention aux exceptions : Gallimard donne les autorisations mais facture les citations si elles sont considérées comme faisant l’objet d’une utilisation littéraire dans une publication."

4. Types d'actions possibles :

  • Formations, conférences ou table ronde : sur le métier, la pratique éditoriale, entendre les textes… « Le poète et son éditeur » ou « Le poète et son traducteur » ou « Le poète et son illustrateur ».
  • Lectures musicales : avec vidéo, dessinées (exemple : portrait qui naît sous les yeux du public, crée une connivence avec le public).
  • Evénements hors les murs : labellisés du nom de la bibliothèque. Par exemple : "Brigades d’intervention poétique", lectures musicales dans les rues, semer des poèmes chez tous les commerçants de la ville et mettre la liste des commerçants sur le site de la bibliothèque (« Plumes d’Arbresle »), lecture de poésie pendant un événement organisé par d’autres structures (culturelles, sociales ou sportives).
    Problème : on vit dans des espaces culturels cloisonnés et on apprend souvent après-coup qu’un événement intéressant a eu lieu à proximité. Il y a un manque de communication et de connaissance des autres acteurs du territoire. Arriver à penser de manière décloisonnée, transversale.
  • Résidence d’artistes, d’auteurs ou d’éditeurs : associer le livre d’artiste et l’atelier d’écriture. Ces actions se préparent bien en amont et nécessitent d’impliquer l’ensemble du territoire, et notamment des bibliothèques du réseau territorial (ou hors-réseau).
    L’artiste, l’auteur ou l’éditeur peuvent animer des ateliers (ateliers d’écriture ou autres formes). Les auteurs rêvent qu’on les emmène de bibliothèque en bibliothèque pendant un séjour, car cela permet de faire émerger les différentes facettes de leur œuvre.
    Questionner les cultures nomades, roms, tsiganes…
  • Solliciter des partenariats : ALL, DRAC, écoles, cinémas, musées, La Fraternelle, maisons de la poésie (du Haut-Jura ou d’ailleurs), les réseaux de bibliothèques sur un territoire… il ne manque souvent que le temps de la concertation et du dialogue.

5. Exemples de médiations tous publics : 

  • Lecture de poésie à Viroflay. Intervenant : un poète de Wallis et Futuna ancien sportif, lieu d’intervention : pendant les mi-temps d’un tournoi de foot, avec une sono mobile. Ça a été un grand succès.
    Ces expériences peuvent être périlleuses, mais sont extrêmement porteuses.
  • Atelier d’« écouture » et défilé : à l’occasion d’une résidence d’auteur, en s’appuyant sur un atelier couture pour des femmes touchées par le cancer. Atelier mêlant couture / écoute / écriture. Défilé de mode à la fin avec lecture des poèmes des participantes (travail préparatoire réalisé avec une comédienne sur la lecture, le fait de bouger son corps…).
  • Résidence d’éditeur à Hérouville-Saint-Clair : 4 ou 5 rendez-vous dans l’année. Installation d’un bureau ludique dans la bibliothèque et entre-temps publications sur les réseaux sociaux.
  • Résidences d’écriture collectives : autour de la collection « Ceux qui ont dit non ». Les auteurs vont se succéder, apportant des énergies et des sensibilités différentes. Voir chez Actes Sud : 6 nouvelles pour dire non à l’individualisme. Remarque stagiaire : À la Fraternelle, Michel Bastien fait un atelier de sérigraphie avec les classes.

6. Médiation autour du handicap :

À partir du recueil Les mains fertiles (2015) accompagné d’un DVD sur lequel les poésies sont signées en langue des signes. Permet d'aborder la question des publics différents et de promouvoir les œuvres de poètes sourds, comprenant dessins, signes et textes. Pour inviter les poètes en bibliothèque, prévoir un interprète en langue des signes.
C'est un travail créatif, émouvant et intellectuellement stimulant. Ils avaient invité une slameuse sourde pour des lectures simultanées (un poème sur l’arbre notamment). Cette expérience permettait d’observer que le handicap changeait de camp puisque d’un côté, il n’y avait que la bouche (lectures), et de l’autre, tout le corps. Les spectateurs regardaient tous la slameuse et on sentait qu’ils voyaient les oiseaux sur les branches.
Questions posées à la slameuse par le public :

  • Comment créer ?
  • Comment faire un jeu de mots en langue des signes ?
  • Comment passer du langage usuel au langage poétique ?
  • Comment donner une tonalité lyrique ?

L’heure d’interprète en langue des signes coûte cher mais garantit un moment d’émerveillement. L’expressivité produit l’émotion et la poésie se prête donc bien à l’association.

  • Question stagiaire : "Pourquoi ne referiez-vous pas le livre de la même façon aujourd’hui ?"

    "À cause du DVD qui est un support obsolète. Il faudrait mettre les fichiers en accès libre sur un serveur avec des QR codes pour télécharger.
    Quelle rematérialisation trouver pour le livre audio-numérique ? Il existe un goût pour l’objet et la qualité de l’objet. Si l’éditeur ne veut pas produire l’epub, l’auteur a le droit de récupérer ses droits et d’aller proposer la publication de l’epub à un autre éditeur. Les éditions B. Doucey ont produit jusqu’à présent 180 livres sur papier et 35 en numérique qui représentent 0.5% du chiffre d’affaires."

7. Médiation vers les publics allophones : 

  • Remarque stagiaire : "L’atelier d’écriture slam avec des migrants à la Marjorie a été un grand moment, porteur…"

    "Voir le livre 136 : un petit poème traduit en 136 langues (il a fallu des années pour trouver les traducteurs). C’est un outil parfait pour entrer en contact avec des migrants dont on ne parle pas la langue, il permet à chacun de lire à haute voix et de faire entendre sa propre langue.
    On peut en mettre un exemplaire en poésie et un au rayon langues."

8. Les conditions financières :

Voir les tarifs sur le site de la Charte des auteurs jeunesse où sont rédigés les droits et devoirs de la structure accueillante et de l’auteur accueilli.
Les auteurs de poésie font appliquer peu ou prou ces tarifs : 

  • Environ 250 € pour une demi-journée de travail
  • Tarif inférieur pour une simple signature
  • Tarif un peu moins du double pour une journée

Les conditions de paiement se sont simplifées avec la réforme de l’AGESSA à laquelle les structures d’accueil versaient auparavant le précompte. La somme brute est maintenant versée à l’écrivain qui la déclare lui-même aux impôts. Il n’y a plus de déclaration à faire par la structure accueillante.
Il existe des financements publics, CNL ou région…
Les conditions changent selon les pays, il n’y a pas de réglementation commune, donc il est nécessaire de se renseigner. Il existe également des pays où le droit d’auteur n’existe pas.

La poésie jeunesse 

Murielle Szac est auteure d’ouvrages sur la mythologie, de romans jeunesse aux éditions du Seuil, elle a publié chez Didier Jeunesse Berceuses et balladines, elle dirige la collection « Ceux qui ont dit non » chez Actes Sud junior et trois collections aux éditions Bruno Doucey : Poés'idéal, une collection qui croise poésie et roman, Poés'histoire (des poèmes qui mis bout à bout, font une histoire).

La poésie jeunesse, c’est le rayon maudit : soit il n’y a pas de rayon en librairie, soit il est relégué au fond du magasin parce que ça ne se vend pas. Idem dans les bibliothèques.

Les clichés sur enfance et poésie

  • Les enfants sont tous des poètes.
  • Les poètes sont tous des enfants.

Les clichés concernant la poésie jeunesse

  • Ça doit être léger, beau, traiter de fleurs et d’animaux.
  • Ça doit amuser les enfants (jeu sur les mots, etc.).

Les collections ne doivent pas se limiter à cela, les enfants viennent chercher dans la poésie la même chose que les adultes :

  • La poésie permet à l’enfant de se poser des questions sur lui-même et sur le monde. C’est ce qu’il recherche plutôt que des réponses.
  • L’enfant désire des poèmes où il peut amener une part de lui-même, avec lesquels il entre en résonance.

Les enfants adhèrent à des poèmes qui les bouleversent et les interrogent.
L’édition propose souvent aux enfants des anthologies thématiques, ce qui est à la longue ennuyeux à lire.
Selon Siméon, proposer des textes permettant de les « exercer à la lucidité, à l’étonnement », des poèmes qui ne soient pas d’une lisibilité immédiate et qui fassent appel à l’interprétation.
L’enfant n’ira pas de lui-même au rayon poésie, la médiation est nécessaire. Le médiateur doit d’abord proposer des textes qui lui plaisent à lui pour mieux les transmettre et susciter la rencontre.

Les tranches d'âge

Cela dépend en fait des enfants :

  • La collection Poés’histoires s’adresse aux enfants dès le primaire.
  • La collection Poés’idéal s’adresse globalement aux plus grands, mais des plus jeunes les lisent parfois.

La poésie (comme la mythologie) peut se lire dès 5 ans car les questions existentielles travaillent aussi les plus jeunes.

La valorisation des fonds jeunesse

L’enfant entend que le poème lui raconte une histoire, mais cette histoire peut être différente pour chaque enfant.
Le poète n’a pas besoin d’écrire pour les enfants, il n’existe pas de poèmes pour les enfants mais des poèmes qui vont rejoindre les enfants, leur permettre de se faire absorber dans un univers et par des mots.
Les illustrations n’ont pas besoin d’être « jolies », elles doivent questionner, interroger les émotions provoquées par le texte qui inspire les images à l’illustrateur.

Préconisations de la presse spécialisée : pour la poésie jeunesse, suivre le calendrier des événements (le printemps des poètes est une formidable fenêtre).
Le médiateur peut choisir des œuvres qui lui plaisent, variées et qui ne sont pas forcément destinées aux enfants. Pour tester si une œuvre peut toucher ou non les enfants : prendre un livre et lire un poème court, voir comment l’enfant réagit.
L’enfant se moque de la notion d’auteur, de qui a écrit le poème, en revanche cela l’intéresse de savoir comment l’auteur a rencontré la poésie lorsqu’il était lui-même enfant.
Dans la bibliothèque : laisser les enfants aller « se perdre » dans le rayon poésie. Il faut juste que les collections soient accueillantes et ne contiennent pas uniquement La Fontaine.

Quelques œuvres propices à la médiation

  • Éditions Rue du monde : Il pleut des poèmes, propose une variété de voix et des illustrateurs de qualité. Voir aussi la collection des Petits géants (un seul poème par livre).
  • Bayard : poèmes de Maurice Carême illustrés par Serge Bloch.
  • Les collections jeunesse des éditions Cheyne.
  • Les poèmes de Bernard Friot, poésie intelligente et subtile, mais pour les plus grands. Aux éditions de la Martinière : Pour vivre.
  • Les éditions Motus proposent de l’insolite.
  • La vie est belle de Bruno Doucey illustré par Nathalie Novi.

Exemples de médiations expérimentées

  • Maram Al Masri : La femme à sa fenêtre. Permet de lancer un atelier d’écriture : et toi, quel monde veux-tu pour demain ? Les enfants sont en demande de ces animations, il faut que nous les médiateurs, n’ayons pas peur de leur en proposer. (Ou encore Lune n’est lune que pour le chat, de Vénus Khoury-Ghata).
  • Yvon Le Men : Les mains de ma mère, illustré par un italien qui fait par ailleurs des films d’animation. Il y a eu vraie rencontre artistique entre les deux auteurs qui avaient mis beaucoup d’eux-mêmes dans cet ouvrage. Cela a permis aux enfants d’y mettre beaucoup d’eux-mêmes aussi.
  • Ceija Stojka : Le tournesol est la fleur du Rom. L’autrice a été déportée à Auschwitz. Les sujets graves sont plus faciles à aborder par le poème. L’illustratrice Olivia Paroldi organise des ateliers de gravure avec les enfants roms des bidonvilles de Nice : https://www.youtube.com/watch?v=k5MuVdoqjaU
  • À partir d’un Poés’histoire : poursuivre l’histoire (ou le film) pour un atelier d’expression poétique ou picturale.
  • Collecte de mots : piocher quelques poèmes, dire aux enfants d’y choisir trois ou quatre mots qui leur plaisent et leur donner une phrase de départ (un embrayeur) : « Je veux un monde… », « Ce matin… » avec lequel utiliser les mots qu’ils ont collectés.
  • Autour de « La terre est bleue comme une orange » (Éluard) : rencontre avec une classe de SEGPA. Échanges :
    - Une orange n’est pas bleue ?... une orange est bleue quand elle pourrit… Détérioration du monde ?
    - Écorce d’orange, écorce de la planète, la vie est juteuse comme un fruit.
    - L’orange est l’opposé du bleu : on fait cohabiter des contraires de façon harmonieuse.
    - L’orange peut être partagée en parts égales puisqu’elle est prédécoupée… rejoint l’engagement politique d’Éluard.
    - Écrit après Nagasaki : dit à la fois la capacité d’émerveillement du poète et son inquiétude par rapport au monde.

À aucun moment les enfants ne se sont demandés si c’était ce qu’Éluard avait voulu dire, ça n’avait pas d’importance pour eux.

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