Une réécriture de la légende de Tristan et Yseult, qui a déjà connu différentes versions au cours des siècles.
Reprenant les éléments les plus emblématiques (Yseult qui soigne Tristan blessé, la promesse au roi Marc, le philtre d’amour, les tentatives des barons pour piéger les amants, l’exil dans la forêt, le serment de la reine et le pardon du roi, la seconde Yseult, le bateau dont les voiles blanches ou noires doivent annoncer la réunion des amants, leur fin tragique et le roncier qui pousse sur leurs tombes), Agnès Maupré les reformule dans un langage moderne et étoffe la place tenue par les rôles secondaires, la servante Bringien et le roi Marc en particulier. Pour ce dernier, elle fait d’ailleurs appel à une autre légende, celle du « roi Marc’h aux oreilles de cheval ».
Les caractères des personnages sont fouillés et il n’y a ni bon ni méchant dans l’histoire, juste des êtres aux prises avec leurs sentiments, qui essaient de bien faire sans toujours y parvenir : l’indomptable Yseult qui dans sa soif de liberté fait parfois preuve d’égoïsme, la fidèle Bringien qui sacrifie l’amour à l’amitié, Tristan qui sacrifie l’amitié à l’amour, le roi Marc dont le régime végétarien n’est pas sans rapport avec les oreilles qu’il cache…
Le trait net à l’encrage affirmé, les situations parfois très crues, les couleurs franches et sans dégradé s’accordent parfaitement à ce récit de la violence des passions, toujours aussi actuel.