Qu'est-ce qu'une politique documentaire, et comment la mettre en oeuvre ?

 

Qu'est-ce qu'une politique documentaire, et comment la mettre en oeuvre ?

 

Définition

 

En amont, politique culturelle et projet de service

 

  • La politique documentaire est une des composantes du projet de service de la médiathèque.
  • Ce projet de service décrit la mise en œuvre par la médiathèque des politiques culturelle, éducative et sociale déterminées par les autorités de tutelle.
  • Cette mise en œuvre nécessite de concevoir une politique documentaire, une politique de communication et une politique d’animation.

La politique documentaire

 

  • Elle se conçoit en coordination avec les autorités de tutelle. Les bibliothécaires proposent et rédigent, les autorités choisissent et valident.
  • Elle s’organise à partir d’un choix de missions à assurer et d’objectifs à atteindre (Charte documentaire).
  • Elle fixe et détaille les axes qui déterminent la composition et l’organisation de l’offre documentaire (collections physiques ou numériques, outils d’information).
  • Ces choix doivent être adaptés aux besoins de la population locale. Mais ils reflètent également des valeurs éthiques et un projet de société.
  • Les bibliothécaires proposent des objectifs à partir de l’étude fine des publics à desservir, des partenaires à associer et du contexte social et économique de la collectivité.
  • Ils conçoivent et organisent les processus et les moyens nécessaires pour atteindre ces objectifs.
  • Les objectifs et les actions qui en découlent doivent faire l’objet d’une programmation, à court, moyen et long terme (Plan de développement des collections).
    L’évolution et les résultats doivent être régulièrement évalués (Bilan annuel).

La politique documentaire se décompose en 3 axes

 

  • La politique d’acquisition
    Elle doit être adaptée aux besoins DES publics représentés sur la collectivité, ce qui ne veut pas dire aux seules demandes des personnes déjà inscrites à la médiathèque.
  • La politique de conservation et de désherbage
    Le désherbage est primordial : les collections doivent être propres, attirantes, séduisantes, aérées.
    La conservation doit être réduite aux documents utilisés par un public spécifique et que l’on ne peut pas se procurer facilement par le prêt entre bibliothèques.
  • La politique d’accès aux collections
    Les ressources de la médiathèque doivent être connues et accessibles à tous les publics, au besoin via des partenariats avec des médiateurs sociaux ou des associations, ou bien par des types d’accès ou de communication adaptés (horaires d’ouverture diversifiées ou réservés, présence sur les réseaux sociaux etc....).

 

 

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Mode d'emploi

 

Pourquoi réfléchir sur la politique documentaire ?

 

Les bibliothécaires font quotidiennement des choix, en fonction du service qu’ils souhaitent offrir à leurs usagers :

  • Quels documents acheter dans le cadre d’un budget restreint par rapport à la richesse de l’offre éditoriale ?
  • Quels supports développer ? Quels supports a-t-on choisi de ne pas proposer ?
  • Quels types de collections développer ? Quels domaines ou sujets sont moins représentés dans l’offre de la bibliothèque ?

Ces choix peuvent être faits à partir de critères et de principes plus ou moins légitime… Il est facile de tomber dans certains pièges :

  • La bibliothèque « clientéliste » : les besoins « du public » sont estimés à l’aune des demandes des usagers actifs, les besoins du reste de la population ne sont pas pris en compte dans le développement des collections.
  • La bibliothèque élitiste : la bibliothèque est un temple du savoir et de la qualité. Toute personne qui ne partage pas les critères des bibliothécaires n’y trouve pas sa place.

Ces critères ne sont pas adaptés aux missions des bibliothèques publiques et aux besoins de l’ensemble d’une population…
Sans politique documentaire reconnue, la bibliothèque n’a aucune chance de jouer un rôle culturel et social et d’être reconnue par la population comme par les élus.


Quelles questions doit-on se poser ?

 

Les publics à desservir

  • Les collections « tous publics » doivent permettre de s’informer, se documenter, se former, se divertir et se cultiver et représenter l’ensemble des connaissances et des courants d’opinion. Il est important que toute personne entrant dans la bibliothèque comprenne que les services proposés lui sont destinés.
  • Selon le contexte local, des publics spécifiques peuvent nécessiter le développement de fonds adaptés (présence d’établissement accueillant des personnes en situation de handicap, forte présence d’un groupe culturel particulier, etc.).

Les missions de la bibliothèque

  • Missions des bibliothèques publiques : voir charte de l’UNESCO et charte des bibliothèques publiques.
  • Missions spécifiques à la bibliothèque : les autorités de tutelle attendent de la bibliothèque qu’elle rende un certain nombre de services en retour des moyens financiers et humains qui lui sont alloués. Il est important de communiquer avec les élus, d’entendre leurs attentes, de leur proposer des solutions pour y répondre, de les informer d’autres besoins auxquels ils n’auraient pas pensé que la bibliothèque puisse également répondre.
  • Ces différentes missions doivent être traduites en objectifs (qualitatifs et quantitatifs) définis (but, processus, prévisions calendaires), évalués (moyens financiers et humains) puis proposés par les bibliothécaires (avant qu’on ne les leur impose sans une estimation suffisante des moyens nécessaires).

Le projet défini sert à rédiger la charte documentaire et le plan de développement des collections


Pourquoi rédiger la charte documentaire ?

 

  • Elle fixe les orientations déontologiques de la bibliothèque. Une fois validée et signée par les autorités de tutelle, elle est le seul rempart contre d’éventuelles pressions politiques, morales ou économiques.
  • Publiée et affichée, elle doit être respectée par tous, élus, usagers, professionnels et bénévoles de la bibliothèque.
  • Elle explique les principes et les critères de choix parmi la multiplicité des parutions et la diversité des demandes des usagers.

Que doit-on inscrire dans la charte ?

 

  • Rappel des missions des bibliothèques publiques (un renvoi aux chartes de l’UNESCO et des bibliothèques suffit).
  • Les orientations d’acquisition qui seront appliquées, en accord avec ces principes.
  • Les rapports avec la collectivité (la collectivité délègue la gestion des collections et la responsabilité des acquisitions et assure un budget permettant de répondre aux besoins identifiés et aux missions définies).
  • La légitimité des partenariats institutionnels, culturels et fonctionnels (avec les autres services de la collectivité, avec les associations locales etc.).
  • Le traitement des demandes des usagers (droit de ne pas répondre à une demande allant à l’encontre de la déontologie validée).
  • Le traitement des dons et legs (le droit de trier et de ne pas accepter des documents inadaptés aux publics, périmés ou sales).
  • Les critères de désherbage (critères de tri et destination des documents désherbés).
  • Les relations avec la Bibliothèque départementale (nécessité de la formation, participation à des projets en réseau).

A chaque nouvelle élection, présenter la charte pour la faire valider par la nouvelle équipe, ou bien la réviser en fonctions des nouvelles missions.


Comment construire le plan de développement des collections ?

 

Il est élaboré à partir de l’évaluation des collections existantes, donc d’un désherbage permettant de quantifier les richesses et les faiblesses des fonds existants.
Il sert de feuille de route pour l’application quotidienne de la charte.

  • Il précise les objectifs globaux, les moyens mis en œuvre et les prévisions de résultats à court, moyen et long terme (fonds et moyens quantifiés, programmation calendaire).
  • Il précise les partenariats locaux et les objectifs prioritaires, les collections spécifiques à développer pour chaque public spécialisé (fonds et moyens quantifiés, programmation calendaire).
  • Il recense les critères de choix et de rejet (niveaux de lecture, types de collections), les ressources possibles pour compléter l’offre (PEB, PIB, ressources numériques…) et précise les types d’outils de sélection (revues, catalogues, sites etc.).
  • Il précise les conditions du désherbage (périodicité, procédures, critères affinés, condition d’élimination).
  • Il explique le fonctionnement avec la Bibliothèque départementale (conditions d’emprunts, fonds empruntés, services utilisés, participation à des outils collectifs). Il explique éventuellement la participation à d’autres réseaux (conservation partagée des périodiques ou autres).

Une évaluation des réalisations et un bilan des résultats doit être fait chaque année et inclus dans le rapport annuel.

Le plan de développement doit être révisé au moins tous les 6 ans (à chaque révision de la charte avec les nouveaux élus).

 

 

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