Compte-rendu de la formation du 27 et 28 avril 2023

IntervenantesCaroline Jules (présentation du public déficient auditif) et Nadège Viard (initiation à la Langue des Signes Française – LSF)

 

Le handicap : définitions et cadre juridique 

  • Définition de l’OMS : « Les handicaps sont un terme général qui qualifie les incapacités, une limitation des actes de la vie quotidienne et une participation restreinte à la vie sociale ». Le handicap est une déficience sans limite dans le temps.
  • Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées  : “ Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant “. Le handicap limite la vie quotidienne et restreint la vie sociale. Si l’environnement est accessible, les personnes ne se sentent pas en situation de handicap.

La loi de 2005 rappelle les normes d’accès au cadre bâti, d’éclairage, du mobilier et de la signalétique, illustrées dans le Guide 2019 sur l'accessibilité des ERP.

Le délai de mise en conformité des établissements recevant du public (ERP) pour répondre aux normes d’accessibilité arrive à échéance en 2024 pour les plus grandes structures.

La notion de handicap porte une connotation négative. Il vaut donc mieux raisonner en termes d’accessibilité pour tous les publics.

Il existe 4 grands types de handicaps :

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  • Mental
  • Moteur
  • Sensoriels : visuel et auditif

Les personnes en situation de handicap disposent d’une carte mobilité inclusion, anciennement appelée carte d’invalidité. Cette carte peut servir de justificatif lors d’une inscription.

Tarifs d’adhésion : éviter la gratuité totale, considérée comme de la discrimination positive, et privilégier le tarif réduit.

Le handicap auditif 

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En 2015, le ministère du Développement durable estime le nombre de personnes sourdes ou malentendantes à environ 6 millions mais seulement 200 000 utilisent la Langue des Signes Française (LSF). La grande majorité des personnes malentendantes ne signent pas.

Il existe différents types de surdités :

  • Légère : certains mots dans la phrase ne sont pas compris
  • Moyenne : la personne a besoin de lire sur les lèvres pour comprendre son interlocuteur
  • Sévère : la personne n’entend que quelques bruits
  • Profonde : les bruits forts sont ressentis par des vibrations

Les personnes déficientes auditives peuvent être équipées d’un appareil cochléaire ou externe qui retranscrit les sons. Mais 63 % des adultes ne sont pas appareillés.

Les personnes malentendantes utilisent pour communiquer :

  • La lecture labiale (lecture sur les lèvres)
  • Le langage parlé complété : ajout de mots signés pour différencier les sosies dans la lecture sur les lèvres
  • L’oralisme : les personnes ont appris à parler et lisent sur les lèvres

Les problèmes rencontrés concernent :

  • L’équilibre (rôle de l’oreille interne)
  • La communication avec des entendants
  • La lecture : pour les personnes qui pratiquent la LSF depuis leur naissance, le français est une deuxième langue. Or les phrases ne sont pas construites de la même façon dans la LSF qu’en français et certains mots n’existent pas encore. Certaines personnes peuvent donc avoir des difficultés de lecture.

À savoir : environ 80 % de personnes sourdes seraient en situation d’illettrisme.

La communication avec les personnes sourdes ou malentendantes 

La boucle à induction magnétique :

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Celle-ci est obligatoire depuis 2014 dans les ERP de 1ère ou 2e catégorie. Elle permet différents usages :

  • Pour les personnes appareillées disposant de la position T : un amplificateur de son sur un rayon de 1 à 2 m (coût d’environ 300 €).
  • Elle concerne aussi le grand public grâce à un écouteur téléphonique qui amplifier le son. Il faut bien parler dans le micro pour que la personne entende.
    Il existe également un câble magnétique ou en Bluetooth (coût d’environ 30 €).

 

L’accueil et la communication orale :

  • Se présenter en écrivant son nom
  • Faire des phrases courtes à l’affirmative
  • Ralentir le débit de paroles mais ne pas surarticuler
  • Se mettre dans un endroit calme et éclairé
  • Pour attirer leur attention : une petite tape sur l’épaule, taper des pieds pour transmettre les vibrations (sur du parquet), faire des gestes
  • Toujours parler face à la personne, ne pas parler en marchant
  • Ne pas utiliser des expressions toute faites qui n’ont pas de sens pour la personne concernée
  • Ne pas changer de sujet d’un coup
  • À cause des sosies labiaux (exemple : p/b/m) montrer ou écrire le mot
  • Ne pas hésiter à demander aux personnes sourdes de parler moins forts entre elles
  • Apprendre la base de la LSF : des cours d’initiation à la LSF sont disponibles dans les ressources numériques sur JuMEL avec l’application Tout Apprendre : https://www.jumel39.fr/les-ressources-en-ligne/autoformation-ressourcesenligne/toutapprendre

À savoir : il faut installer une alarme incendie visuelle (lumière clignotante) dans les endroits isolés comme les toilettes ou penser à ouvrir toutes les portes pour vérifier lors d’une évacuation.

 

La signalétique :

  • Utiliser le plus de pictogrammes possibles renseignant les données directives : accueil, toilettes, entrée/sortie et pour les différents espaces
  • Mettre des pictogrammes clairs et compréhensibles. Il n’existe pas de norme nationale.
    - On peut s’inspirer de ceux réalisés par l’agence Livre et lecture en Bretagne : Accessibilité et pictogrammes (livrelecturebretagne.fr)
    - Pour récupérer des pictogrammes libres de droit, voir le site Flaticon 

Les collections et outils adaptés 

Documents adaptés

  • Livres et contes en LSF : version dictionnaire ou livre jeunesse avec une phrase ou une image et la traduction en LSF
  • Livres en Facile à Lire (FAL) et Français Langue Etrangère (FLE)
  • Imagiers en LSF
  • Sous-titrages : vérifier si les DVD ont des sous-titres en français, les identifier dans le catalogue et les repérer dans les rayonnages par le pictogramme de l’oreille barrée.
  • Films en LSF : il en existe très peu (exemple : pièces de théâtre IVT par Emmanuelle Laborit)
  • Ouvrages bilingue français-LSF pour enfants comme Mes comptines en LSF des éditions Millepages (un QR code permet le visionnage de la vidéo signée du conte)
  • Dictionnaires sur les périodes historiques : la collection « Lex’signes » du centre des monuments nationaux (vocabulaire sur l’antiquité, le Moyen-Age)
  • Ouvrages très illustrés

Services :

  • Biblio-connection présente un livre en LSF/audio/audio-description/FALC lors d’une séance animée (170 € la connexion pour un livre)
  • Acceo : service public de téléphonie qui permet de se connecter en visio avec un interprète en LSF pour communiquer avec la personne sourde à la médiathèque.

Le dictionnaire en LSF en ligne : LeDicoElix

Zoom sur les actions culturelles possibles 

  • Proposer des contes en LSF avec un interprète qui traduit ou un conteur sourd qui signe (environ 100 €/h). Par exemple, l'association A la lueur des contes – Maison des contes en Est réalise des spectacles en LSF.
  • Réaliser une vidéo sous-titrée présentant la bibliothèque par une personne sourde. Pour associer le public à la réalisation, des usagers sourds peuvent animer la visite en LSF.
    Exemple de la bibliothèque municipale de Lyon 
  • Proposer des ateliers pour enfants : insister sur le toucher et le visuel (montrer beaucoup d’objet ou d’images). L’enfant doit pouvoir prendre l’objet, le soupeser, le mettre en contact avec son corps pour sentir les vibrations.
  • Proposer des spectacles avec sur-titrage, un casque à conduction osseuse ou une boucle magnétique installée dans la salle.

Les établissements spécifiques et les associations 

Voici une liste de structures qui peuvent être contactées pour communiquer auprès du public ciblé sur les services et les collections adaptées de la bibliothèque :

Etablissements et services :

  • Institut pour Déficient Auditif (IDA) : propose cours en LSF oralisme (lecture labiale et placement de la voix)
  • Secteur médico-social : foyer de jour, foyer d’hébergement, Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés (SAMSAH), Service d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS), Centres d’Action Médico-Sociale Précoce (CAMSP), Instituts Thérapeutiques, Educatifs et Pédagogiques (ITEP), Centre de Rééducation Professionnelle (CRP), Service d’Education Spécialisé et de Soins A Domicile (SESSAD), Etablissements pour Enfants et Adolescents Polyhandicapés (EEAP)
  • Classes spécialisées d’école élémentaire ou adolescents
  • Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH)
  • Autres services publics : écoles, mairie, hôpitaux, etc.

Associations :

  • Handicap visuel : Fédération des Aveugles et handicapés visuels de France (FAF), Association Valentin Haüy, Groupement des Intellectuels Aveugles ou Amblyopes (GIAA), UNion des Aveugles et DEficients Visuels (UNADEV), Voir ensemble, etc.
  • Handicap auditif : Fédération nationale des sourds de France, Unisda (Union nationale pour l'Insertion Sociale du Déficient Auditif), Surdifrance, UNAPEDA, etc.
  • Handicap moteur : Association des Paralysés de France (APF), Association pour Adultes et Jeunes Handicapés (APAJH), Association de Défense et d’Etude des Personnes Amputées (ADEPA), etc.
  • Handicap mental : UNAPEI, Trisomie 21, Autisme France, Nous aussi, etc.

Il peut être intéressant de contacter les magasins de prothèses et de leur envoyer une brochure sur le fonds adapté. Le moyen le plus efficace d’attirer leur attention est de leur téléphoner.
Communiquer auprès des référents accessibilité de la DRAC, notamment pour bénéficier d’aides financières.

Pour collecter des adresses de contacts, consulter le site Annuaire Sanitaire-Social - Maisons de Retraite, EHPAD, hôpitaux qui référence les structures.

Réseaux sociaux : surtout Facebook. Lors des lectures de contes en LSF, demander à l’interprète de réaliser en amont une vidéo de présentation de la séance et de la diffuser.

Ressources

Bibliographie

Sitographie

  • Site d'actualités accessible : HandiCaPZéro
  • Annuaire des structures accessibles en France : Accessible.net
  • Site de recensement des structures accessibles à tous les types de handicaps : Tourisme et handicap (il y a une catégorie « médiathèque ayant obtenu la marque »)
  • Actualité en LSF : Média Pi!  

N’hésitez pas à consulter la page « surdité et malentendance » sur le site de JuMEL et accédez au catalogue d’ouvrages en LSF : Surdité et malentendance .